Tuesday, February 01, 2005

« Lady don’t fall backwards »



Alors, qu’y a-t-il à dire ? Quelques fois, reprendre contact avec le monde de l’écrire. Il est prescrit d’y aller très doucement, comprendre que les mots s’agencent dans la tête, pas sur le papier. Ne pas penser, c’est écrire. Penser, c’est perdre des idées dans le vide.

Le moment où il se met à pleuvoir dans Eternal Sunshine.
L’entrejambe de Clémentine.
L’éclairage changeant sur sa poupée.
Le sang dans la chambre 2046.
L’idée persistante que c’est un suicide.
Bob hallucinant son propre visage dans Tokyo avant même la séance photo.
Charlotte encore et encore plus jeune.
William se faisait dépuceler en l’absence du Dieu Pan.
La farandole des muses autour de lui.

Plus facile d’écrire des tirets que des tirades. C’est trop tôt. Je me souviens qu’il y a quelques jours, je me rendais à peine compte que B. m’avait laissé seul. Quel disque pouvait-je bien écouter alors ? L’absence de B. souvent me revient. Mais la plupart du temps, je l’attends. Je crois encore, comme je le croyais avant, qu’elle était emprisonnée dans un soulier de verre. Qu’elle dormait et qu’un jour je serai assez proche d’elle pour l’éveiller d’un baiser. Au mieux, je m’imagine qu’elle a engagé une entreprise pour m’effacer de sa mémoire et que quand nos chemins se croiseront à nouveau, elle se rappellera de tout.

Pourquoi écrire avec parcimonie ? Parce que comme avec la guitare, le corps inconscient fait un travail que ses pairs aurait à peine le temps de formuler. Il fait le laisser jouer avec notre corps, lui fournir l’écrin nécessaire pour qu’il puisse être libre après tout. Et un jour enfin le mémoire se soulèvera, laissant passer la lumière sur un papier prêts à s’imprimer. ça vient, ça vient. Déjà les idées, bonnes et mauvaises, arrivent et s’entassent peu à peu. Les habitués savent bien qu’il me faut un échec amoureux pour que ces idées dans leur entier s’assemblent et forment une photographie. D’une qualité médiocre soit. Est-ce l’échec amoureux qui me donne la force d’écrire ou bien l’envie d’écrire qui me fait échouer en amour ?Je ne parle pas de B., là ce n’est pas un échec puisque rien n’a jamais ‘existé’. B. est un film, à voir et à revoir, qui m’échappera toujours une fois le générique achevé. En fait, je parle plutôt d’échec réel, avec des personnes pleines de défaut. Le jour même de la rupture, quelques heures après le soulagement, je jure de voir les idées s’emboîter d’elles-mêmes dans mon cerveau. S’est arrivé avec C. pour Céline, avec N. pour Champs Elysées. Le seul mystère reste Le Poumon mais je suppose que C. m’a donné assez d’horrorshow pour deux bouquins d’affilés. D’ailleurs il faut bien garder en tête que ces filles n’apparaissent pas dans ces bouquins, que jamais ça n’est leur histoire ou qu’elles font autre chose qu’un caméo. Nos histoires ne valent pas la peine d’être intégré à un bouquin, il n’y a rien de beau en elle. Donc aujourd’hui, je recommence. J’essai de séduire quelqu’un auquel je suis plus ou moins indifférent. Je ne sais pas pourquoi, j’en ressens juste le besoin. Attirance animale, attirance sentimentale, attirance sexuelle. Plus j’y réfléchis et moins j’y crois. Non, ce que je crois, c’est que je fais ces choses exprès dans l’optique de la rupture, jeter ou me faire jeter, comme ça je trouverai la force d’écrire, le pouvoir d’écrire. Il faut que je le fasse vite, pour pouvoir coucher mes idées. Ce ne sera pas encore le bon bouquin je pense. Mais ça s’en rapprochera, comme à chaque fois. Le bon, c’est pour bientôt. Celui qui fera son chemin jusqu’aux librairies. En fait, il est probable qu’il ne lui manque qu’une bonne histoire.

She said i’ll show a picture,
Picture of tomorrow,
It’s not changing
It’s all sorrow (approximativement)


Au fait, Champs Elysées change de titre pour devenir Les narcisses. Et ce changement s’accompagnent d’une rectification de toutes les fautes d’orthographe, de cohérence et de style. Reste celles qui m’ont échappé et celles qui sont jolies. Les mêmes, en sorte.


Melinda and Melinda de Woody Allen


Ce n’est vraiment pas son meilleur loin de là. Assez en dehors des standards même. Premièrement, il faut le dire, il est moche. C’est tout simple, décor, image, couleur. Il n’y a pas d’alchimie comme il pouvait y en avoir dans Anything Else pour citer le plus récent. Il n’y a pas de lieux, que des endroits.

Pour le reste, le système des deux histoires au sein du même film fait qu’aucune des deux visions n’est assez développée. La majorité des personnages restent figées, impalpables du fait de leur manque de temps d’écran en fait.

Toutefois, il faut applaudire la démarche, son originalité et le fait qu’elle permet de disserter sur le film assez longtemps. Et que demande-t-on à un film de Woody Allen sinon que de nous permettre de pénétrer son univers, de discuter de lui, à l’intérieur de lui, écouter du jazz new orleans dans un bar techno. C’est ça aujourd’hui le secret de Woody Allen, dans chacun de ses nouveaux films, bons ou mauvais, où l’écran n’est qu’un miroir liquide qui nous force à récréer trente ans d’histoires d’un univers, il faut bien le dire, relativement parfait. Notre monde intérieur en somme, projeté sur les murs par toutes les lumières de la ville.

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