Tuesday, February 15, 2005

10000 heures plus tard (Berlin)

C’est la Saint Valentin.



C’est Adam Green en Black Session sur France Inter.

A cet instant précis je réfléchis à quel disque je pourrai enclencher. Ben Kweller, Adam Green à nouveau, ou bien les Dears. Pour l’instant ce sera les Dears, quoi de mieux en ce jour ?

Pas mal de souvenir qui remonte…
De tous les âges.

Moi, marchant au bord de l’Ill, en écoutant For Lovers. Je m’arrête, je regarde l’eau, les yeux, et pour la première fois depuis longtemps, je danse.
Moi, mangeant au même endroit en écoutant les Dears, juste avant que mon appareil photo ne se bloque et qu’apparaisse ma professeur d’anglais, jeune blonde et écossaise, la même idiote qui m’invite à boire un verre et se rétracte après avoir parlé avec moi. Résonance d’une interview d’Adam Green.

Je crois que la clef c’est le temps. Pour une bonne écriture je veux dire. Il faut avoir le temps, la force et être seul chez soi. Mais vraiment seul. Ce soir par exemple, je pourrai écrire dix fois mieux. Et pourtant je suis fatigué, j’ai envie de regarder Donnie Darko et d’être heureux tout seul. C’est pour ça que jamais je ne dois travaillé en été. Car au bout de trois semaines de vacances, je suis reposé, ennuyé et il ne reste plus qu’une chose à faire : être créatif !

Moi marchant au bord de l’Ill en écoutant Emiliana Torrini. De l’autre côté, ce même endroit que je rejoindrai bientôt par le pont voûté, une voiture stationne sur le chemin. J’approche, elle part. Je la retrouve plus loin, au milieu du chemin. Interdit au voiture, faut-il le préciser. Le passager est noir, la voiture une R5, je ne saisis rien de plus. Encore une fois, je m’approche et il s’en va. Il fait demi-tour. En continuant le long d’un très petit chemin, je peux cette voiture qui refait demi-tour, roule sur ses traces, toujours. Cela a pu duré des heures. Quand j’étais petit, avec l’école, je montais sur la colline et après nous allions visité un musée, je n’ai plus aucune idée de ce que pouvait être son thème.

Les vacances de Noël de cette année, plus que par les livres ou les ambiances, seront marquée par leur dernier jour, un lundi, où je regarde Peter live at Brick Lane, en mangeant du chocolat.

De moins en moins de souvenir en fait, mais c’est une illusion.

Le mois où tout a changé : Octobre 2003. Ma vie fut bouleversé.
Cela reste le plus beau mois et le plus horrible. Chaque moment est les deux.

Peter en prison, libéré le 8, réformation des Libertines. Magnifique couverture du NME.
Sofia Coppola tourne les derniers jours de Lost In Translation à Tokyo, Bill Murray murmure dans l’oreille de Charlotte.
Elephant sort au cinéma, on en parle à la télé, Eli me donne envie de faire de la photo, il fait noir quand je sors de la salle de ciné.
Il pleut pendant une semaine, l’automne est là.
Je rencontre Céline, la quitte, l’aime, la tue, me tue, écris un (petit) roman sur elle.


Céline nue. Une photographie noir et blanche du Parc Salvator. Mes chaussures trempées. Bach qui disparaît. Les seins de Céline. L’album de Jet. Cosmopolis de Don Delillo. La bouche de Céline. Les chewing gums X-cite. La Tour de Londres. La pluie. Les orages.


Tout est concentré là-dedans. Mon avenir y est noté. Je n’ai gardé que les bons souvenirs. D’ailleurs, il n’y a qu’un seul mauvais souvenir, une dizaine de minutes. Elles ne sont pas à effacer loin de là.

Juillet 2004 n’est pas mal non plus. Mais j’en ai moins de souvenir, c’est marrant.
De toute façon, j’ai de moins en moins de souvenirs de tout. Au passé, j’oublie le moment présent.

Peut-on évoqué Blandine, là ? C’est le moment, non ? Je ne lui écrirai plus d’e-mail, j’ai compris qu’elle est heureuse, que si elle m’évitait, elle avait sa raison, son bonheur est le plus fort.
Message personnel à son intention : je ne t’écrirai plus mais tu peux m’écrire. Maintenant ou un jour. Je ne suis pas fâché (de quel droit ?) et ne le serai jamais. Je veux simplement ne plus te déranger (encore et toujours laisser la porte ouverte, c’est bien moi ça).

Je pourrai parler plus longtemps d’elle. Pour l’instant je n’en vois pas l’intérêt, j’ai tout dit dans Champs Elysées/Les Narcisses. Je dois aller de l’avant, droit vers mon prochain roman. Si bien sûr elle reprenait contact d’une manière ou d’une autre, nous deviendrons mon prochain romain évidemment (la porte ouverte, à nouveau), mais sans nouvelles, ressasser le passé ce serait réécrire Champs Elysées.

Bonne Saint Valentin, j’espère que tu étais à la Black Session d’Adam Green, parce que moi c’est ce que j’aurai fait.




Et là, je suis en vacance, donc je vais devoir écrire quelque chose de mieux que ce post. Essayer une nouvelle, éventuellement. Ou bien poster régulièrement, c’est-à-dire tous les jours.

Quoi qu’il en soit, c’est fait. Je me suis inscrit à l’atelier d’écriture qui commence le 8 mars, tutoré par le prix Goncourt 96 (ça vaut ce que ça vaut).

Rien que pour ça je suppose que la Saint Valentin 2005 restera dans les annales. Il existe un amour qui est toujours là, avec qui j’invente sans cesse, avec qui je vis dangereusement, mollement, torridement. C’est l’écriture. Peut-être va-t-il falloir que je prenne des voix détournées, que je raconte autre chose, que je n’hésite pas à me lâcher, à vomir, à jouir. A me ligoter aussi. Pour savoir cela, il faut que je me sonde. Puisque j’écris toujours pour un lectorat. Que ce lectorat c’est moi. Il faut que je sache ce que j’attends, ce que je suis capable de lire, ce dont je serai fier, ce que je pourrai faire de moi. Et ce que je veux que les autres retiennent de moi, aussi.



J’espère que l’atelier d’écriture pourra m’aider, même si le thème est celui du voyage. Je dois profiter des vacances pour prendre mon temps, pour lister des dizaines de choses dans mon carnet sur le futur, les thèmes à aborder, les thèmes imposer. Dans le journal, une jeune étudiante se voit remettre le prix du concours d’écriture de nouvelle policière dans mon université. On déplore peu de participant. La fille s’appelle Laure, étudiante en lettre, aime Rimbaud et Mary Higgins Clark ( ?). Comment voulez-vous que j’écrive une nouvelle policière ? Je ne peux pas voyons, j’aurai l’impression de refaire de la fanfic. Cette Laure est assez moche à ce que je peux en voir, cheveux frisés, mauvais roux, visage ingrat. Et si elle avait été assez jolie ? Je ne suis pas difficile non plus. Quelle malchance. Quel est ce monde qui brise une personne en lui donnant un tel visage ? Quel est ce type qui juge sur ces critères ? Moi. Idiot.

Ça et Adam Green chantant I’ll be your mirror.


Cette fille, elle s’appelle Julie. Dans le bus, en parlant, je lui caresse les cheveux en parlant de ses parents. Je descends du bus, rentre chez moi, un chez moi qui est dans mon ancien quartier, mais j’habite seul maintenant. Comme si je rentrais, et puis je fais un demi tour total je cours après le bus, je veux la revoir et ce que je vois, c’est ce bus qui passe sous le pont, qui descend dans la cuve et remonte loin, trop loin de moi.

Ça et The Dears.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home