Thursday, February 17, 2005

« Parce que je viens de te rencontrer et que j’aimerai le dire à quelqu’un »

Cette phrase ne signifie rien, là comme ça.
Elle est extraite du film Exotica, d’Atom Egoyan. Il m’a bouleversé par surprise. Cette phrase est tellement belle qu’on aimerait pouvoir la dire nous aussi, mais nous (je) n’en ai pas les raisons. Bien sûr, il faut le film pour comprendre. Ça n’est pas sorcier.

Le film est tellement bon. Incroyable. Il m’est tombé dessus, pur hasard. Vu dans les rayons de la médiathèque, pourquoi est-ce que je l’ai pris ? Pire, j’aurai du le rendre hier. Etonnement je l’ai gardé plus de deux semaines alors que je pensais n’en être qu’à 1. Comme d’habitude, comme en ce moment, c’est la magie qui a prôné.

J’avais promis de le rendre hier. Et puis je n’y suis pas allé, par flemme. Je ne suis pas allé non plus à La Chute, trop fatigué. J’aurai bien fait l’effort, mais pour Hitler ?

Donc à la place j’ai commencé Exotica. Je viens de le finir ce soir. Souvent, hors cinéma, ce sont les films que l’on voit en plusieurs fois, que l’on hache, qui nous marquent. Peut-être parce qu’il ne faut pas chercher à recréer l’ambiance de la salle, il faut plutôt déguster autrement. A l’extrême limite, c’est le bruit du cuir de Curt Wild/Iggy Pop dans la scène finale de Velvet Goldmine.

Maintenant, pour espérer ne pas perdre ces sensations, je blog directement sur ce film. J’écoute Solo Piano de Gonzales, gravé juste après quelques perles dohertales (oui). Je crois que c’est comme ça qu’il faut consommer la musique téléchargée, par jonction improbables dans un surréalisme technologique. Solo Piano est juste un petit trop joyeux, éventuellement.

Et il me reste ce regard incroyable de Cristine quand Thomas pose sa main sur sa cuisse. Intense moment où l’on frissonne, et où étrangement, on sait les acteurs frissonner, et même, tous le staff présent, à commencer par le réalisateur. Un tel visage à ce moment-là, personne n’avait pu y penser. Il est juste tombé de quelque part. Tomber de l’intérieur.

Et c’est le premier film qui finit au moment où je lui demande de finir. Habituellement je suis quelqu’un qui aime les fins que tout le monde déteste. Au milieu d’une scène, d’un flash back, n’importe où. Une fin qui me prend les tripes, un moment où je sais que tous le reste n’est que superflu. Le moment clé sans doute. Les meilleurs épisodes des Sopranos finissent ainsi. Exotica a finit quand je lui ai demandé. La scène parfaite. La scène clé. Pas besoin de tout ce qui aurait pu venir après, n’écoutez pas les pleurnicheurs.


Que dire de plus ? Avant je dissertais dans un long paragraphe sur un même film. Je ne pouvais plus m’arrêter. Là je ne peux pas. Pas seulement pour ce film, mais pour tous. Cela veut dire que j’interiorise plus. Que je suis simplement fatigué. Que j’ai perdu l’inspiration. ça n’intéresse personne. L’important, c’est la phrase qui vient, tant pis si le post est court.


Exotica est un des meilleurs films au monde. Je voulais juste te le dire.










(Il y a un disque appelé Palace Music. A l’arrière de la pochette, on dirait presque Pete et Carl. Ce n’est pas eux, mais des gens qui semblent jouer de la musique dans une cuisine durant l’été en Angleterre. C’est déjà bien. A cette musique, il ne manque que le bruit de l’eau de la Tamise. Ce serait parfait. Et là, ça manque.)
(Et puis, pour dire : il me suffit de suivre ce que j’ai exactement envie de faire. Et l’eau s’ouvre devant mes pas, les disques me sautent dans les mains, les films s’arrêtent là où je le veux. La magie.)

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