Friday, February 18, 2005

Through the looking glass




Pourquoi le rêve de la pochette des Pet Shop Boys ne pourrait-il pas avoir eu pour simple but de m’obliger à voir Exotica ?

Ça me semble être la réponse juste. Sinon, l’album est bien, rien à dire. Justement.
Exotica, c’est tout l’inverse. (depuis la noirceur de ma chambre, rien d’autre à dire là-dessus. Louez-le merde !).


Maintenant le corps du texte : Exotica a ouvert une porte sur l’infinie. Sheepskin Tearaway.

J’étais piégé dans les bouchons aujourd’hui. Quarante cinq minutes dans une simple rue, attendant de pouvoir passer dans une autre, perpendiculaire. Et aussi doucement que je me rapproche de la deuxième rue, je vois de mieux en mieux le petit immeuble d’étudiant en face. Et la révélation est là. A une fenêtre, un être assexué s’excite. Je me rapproche, la scène s’éclaircit de plus en plus. C’est une jeune fille. Elle danse. Presque contre la vitre. Pas assez pour ressembler aux putes sur les grandes avenues d’Amsterdam, mais assez pour me rappeler moi sur mon balcon l’été au son des Strokes. Je distingue mal ces cheveux. Sur son front, elle a une pièce de métal argenté qui oscille légèrement avec son corps. Son nombril dépasse parfois de son haut, au fur et à mesure qu’elle bouge. C’est Christina bien sûr. Je n’étais pas seul dans la voiture, sans cela j’aurai fait dix fois le même tour pour la revoir. J’aurai mis ma sélection de Terry Reid dans l’auto radio. Je la regarde, et elle me voit. Elle sait mes yeux posés sur elle. C’est certain. Elle continue, elle continuera même après que le bout de mon visage à travers le pare brise est disparu au loin dans la circulation.

(Description pas très réussie. Il faut me comprendre. Je suis crevé, je n’ai qu’une semaine de vacance, j’ai du mal à en profiter.)
[EDIT : aujourd'hui, elle était encore là à 15 heures. Plus à 17h. Et la musique sur laquelle elle danse c'est de la new wave. Guns of Brixton. Ou Dinosaur Jr. Toujours dans ma tête évidemment.



En réalité je sais bien que cette fille a trop pris d’acide, qu’elle écoute un pauvre disque de house et que souvent elle va au concerts du Peuple de l’Herbe. Et alors ? Il suffit d’oublier. Pas d’erreur : fermer les yeux et regarder. Je peux croire ce que je veux, elle est loin et proche à la fois.

A set of mental things. Sentimental things.

Tout comme je sais bien que cette silhouette au loin n’est pas une asiatique qui porte un bonnet rouge et se balade dans un quartier froid et vide de ma ville un après midi en pleine semaine.


Tout comme je sais que dans cet autre appartement, ce n’est pas une fille à la queue de cheval qui me surprend entrain de regarder depuis la rue le tableau étrange et vert qui est accroché au fond.


C’est dans ma tête. C’est le monde tel que je le vois et tel que je vais/dois le traduire sur papier ou traitement de texte. La vie, c’est ça. Ma vie. Je ne trouverai pas mieux que ces mirages. Parce que ce sont des mirages, qu’absolument tout sur terre est un mirage. Il suffit de se connaître assez pour savoir à quelle distance le mirage va s’évaporer en douleur. Une fois réglé, la vie vaut la peine d’être vécue. Les choses peuvent être belles. Sublimes. Vraiment. Les choses sont sublimes aujourd’hui. Il n’y a pas d’emmerdes. Les emmerdes ne sont que des choses qui ne méritent qu’on s’y intéresse, il faut se pencher sur les détails, aimer leurs contours indécis et surtout surtout ne pas vouloir mettre les détails sous le feu des projecteurs. Les détails sont l’intérêt de tout. D’une performance d’acteur, d’un caractère, d’une peinture, d’un film, d’un enregistrement. Les mains de Gaël Garcia Bernal dans La Mauvaise Education. Le bruit de la Tamise. Pas la peine d’étaler ça dans les tabloïds.

Les gens sont moches. Les silhouettes sont magnifiques. Dans le noir, on ne fait pas de différence.

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