Friday, March 11, 2005

Schlupping



Tout commença vendredi après-midi quand je quittais mon appartement pour aller emprunter Unknown Pleasure de Joy Division et le best of de Gang of four. Je ne loue pas de vidéo. Une nuit à l’opéra, des Marx Brothers, est en retard.
Les rues semblent peuplés de fous, des gens qui font la quête à travers des vitres, bruits bizarres, d’autres parlent seuls, racontent leur vie, s’agrippent à ma montre. La seule respiration possible est celle du désespoir ultime de la solitude.
J’agrippe un bus vers l’université. J’ai racheté le bouquin de Marshall McLuhan que j’avais perdu. Là-bas, ils régularisent ma situation, je peux à nouveau emprunter des bouquins. Et c’est vrai que la bibliothèque universitaire est bien plus fournie que la bibliothèque municipale, une pièce un peu cachée contient toutes les ressources en lettres. Sur un présentoir bien en vue est mise en avant la Beat Generation. Du Ginsberg, du Kerouac, du Burroughs, en anglais, en français. Finalement, je loue une bio de Burroughs, My Education, et The Ticket that exploded. En fouillant plus loin, je remarque qu’ils sont très fournis en Burroughs, dans le rayon il y a des anthologies, des livres d’interviews, etc. Puis avec mon appareil photo, toujours en écoutant Joy Division, je vais visiter le cimetière. J’espérais trouver encore quelques tombes enneigées mais pas une m’inspire la quelconque photo. En plus le staff traîne pas loin, la baguette en main. Finalement je rentre à la maison et regarde Six Feet Under en mangeant des petits gâteaux avec un chocolat chaud.


Samedi, je ne sais pas. J’écoute l’intervention de Peter sur la BBC dans « Bespoken Words ». A part ça, c’est le vide. Quelque part, je décide de ne pas aller comme d’habitude à la médiathèque entre 17h30 et 18h30. A la place, je me jure de m’atteler à la correction des Narcisses. J’appelle Benjamin pour convenir d’aller voir Ray. Ray est nullissime, mis à part le contexte. En rentrant, je termine la correction entière des Narcisses. Ça y est. Point. Fini. Plus rapidement que j’aurai même pu m’en apercevoir.

Dimanche, presque rien non plus. Je regarde vaguement Eyes Wide Shut (déjà il y a si longtemps ? )

A un moment, samedi ou dimanche :



Je suis aux Eurockéennes, sur le camping. Je vais m’acheter à manger à la petite baraque à frite. En face, ils vendent des t-shirts et je me renseigne sur ce qu’ils ont en Babyshambles, mais il n’y a que des grenouillères pour bébé. Au frites, je fais un peu la queue. Quand vient mon tour, je parle en même temps qu’une fille à ma gauche. On se regarde et on rit. Chacun de nous veut laisser l’autre passer en un simultané « Vas-y ». Nous rions encore. Finalement, elle s’engouffre et commande. Elle n’est pas décidée, ne sait pas ce qu’elle veut. Dans une pure scène de Lost in translation, je la presse, je l’agace, la force à choisir, vite, vite, ou je passe ma commande à moi. Elle se décide, se fait servir. Je me fais servir à mon tour et elle m’attend. Je lui demande ce qu’elle est venu voir. Nous parlons du t-shirt rose de Babyshambles.


Lundi matin je me réveille avec le sentiment que ma place n’est pas en cours. Je m’habille et me lave. Après, je me déshabille de nouveau et me remet au lit. Je regarde Amadeus au lieu d’aller en cours. J’y retourne l’après-midi, je n’ai rien manqué d’important. Je parle d’Eyes Wide Shut avec quelqu’un, pas très profondément.


Mardi, je n’ai même pas peur. Au fond je n’y pense pas énormément. Mais le soir, je me rends à un atelier d’écriture dirigé par Pascale Roze. D’abord, je me demande si je ne me suis pas trompé de salle. Le nombre de vieux devraient pourtant m’indiquer que je suis au bon endroit. Bien sûr, il y en a un qui fait son rigolo. En fait, il y a surtout des femmes, genre prof à la retraite. Quand je me présente, je parle sans passion. Je cite Burroughs comme influence. Je dis que je blogue, j’écris des nouvelles (Céline, Le Poumon) et un roman, dans un petit souffle discret. Pascale Roze me demande si j’ai fini le roman et je dis oui. Je sens l’incrédulité dans la salle. Comme si c’était difficile d’écrire un roman. Il est difficile d’écrire un bon roman, soit. Mais celui qui n’arrive même pas à écrire un mauvais roman est sur une mauvaise pente. Petit exercice simple, elle donne le début d’une phrase, et toute les minutes, un mot obligé. Avec ça, on doit écrire. Chacun lit à son tour. Je lis trop vite. Je suis obligé de m’arrêter à la moitié de mon texte et de recommencer. Cette fois je vais jusqu’au bout. Quelques signes d’appréciation s’élèvent. Le journaliste de l’Alsace à ma droite me dit que c’est très poétique. J’ai ma revanche sur l’incrédulité. En y repensant, ça devrait m’inspirer, me forcer à écrire toujours plus, toujours mieux sur ce blogue. Il est vrai que je le néglige un peu, il est de plus en plus classique, de moins en moins travaillé. J’en suis désolé. Peut-être qu’une pause s’impose, ou pas du tout. Il me faut du temps pour m’en occuper.

Aujourd’hui, jeudi, j’attends Six Feet Under, j’écoute the Postal Service, à la recherche de sentiments. Pas sûr que ça marche. J’attends samedi pour la Vie aquatique, avec appréhension, avec joie. J’ai cut upper Magnolia sur France 3 avec pas mal de choses, fragments d’autres chaînes, musique, internet, livres. A la fin, le générique est tronqué, comme l’était celui d’Eyes wide shut. Je pense à Blandine. Je relis ce que j’écrivais il y a plus d’un an, à quel point cela lui correspondait. Personne d’autre comme cela, j’ai beau essayer tous les jours, au bahut, dehors, partout. Laisser des pistes pour voir si les gens rebondissent. Non. J’ai envie de fumer une cigarette à la fin du monde. J’ai fait le ménage dans mes pochettes, j’ai jeté pas mal de vieilles choses que j’ai écrit. Pas ce qui était bien évidemment. Est-ce que j’attendrais demain pour regarder Six Feet Under ? Qu’est-ce qui va m’aider à tenir, demain, dans l’inconnu ? Avec quoi vais-je pouvoir occuper mon esprit de façon à être encore en vie le soir venu ? Prochain atelier écriture, mardi toujours de 18 à 20 heures. J’irai rendre des livres en retard à la bibliothèque. Je ferai des tours dans les rayons à la recherche de visages attrayants, d’esprits sautillants. Je prendrais dans mes bras une biographie de Tristan Tzara et une anthologie de poésie russe. Je les laisserai bien en vue dans l’espoir que quelqu’un vienne me parler. Je pense à elle et à la manière dont elle doit enfiler ses vêtements le matin dans le noir. Je pense au fait que c’est acte banal et répétitif, je donnerai toute ma vie pour n’y assister qu’une fois. Je monterais finalement en salle de lecture et m’asssirais pour quelques minutes, le temps de scanner les filles assises. J’ouvrirai un de mes bouquins cinq minutes. Comme à chaque fois, je te fermerais les yeux.

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