Wednesday, November 24, 2004

Comment devenir un désastre




Ce fut un jour de rêve, tout simplement. Il faut essayer de le traduire alors que je n’ai plus blogger depuis un mois. D’ailleurs, est-ce pour cela qu’en ce moment, j’ai un niveau de discussion qui frôle le zéro ? Je suis incapable de répondre à des questions censées sans m’embarquer dans un attirail de phrases sans intérêts à propos de moi, que je ponctue fréquemment à l’aide de soupirs et de « Je ne sais pas ». Espérons que blogger à nouveau, après voir fini Champs Elysées voilà trois semaines, me servira à progresser.


D’abord, il y a cette fille. Je suis dans un magasin sans intérêt, à une rue de chez moi, où ils vendent des fringues, des bibelots, des téléphones portables, à des prix battants toute concurrence. Magasin qui n’existe, mais il faut noter que ce genre de boutique revient souvent dans mes nuits. Je suis avec des amis et au détour d’un rayon, je la vois. Elle est en première année à l’IUT, elle est jolie, avec un visage doux. En réalité, je suis très bien ce que ça cache. Nous la voyons sortir du magasin, elle aussi accompagnée d’amies. Je la poursuis à toute vitesse et dans la rue, je cours après sa petite bande, je la rattrape et essaie de la reconnaître. Elle n’est plus là, il n’y a que ses amies. Je me présente, je demande où elle est. Elle est rentrée chez elle. Je lui laisse un message.
Je ne sais comment, j’apprends que ma tante la connais. Je me renseigne sur elle. C’est la fille parfaite. C’est une bonne élève, sérieuse, elle adore la peinture et la bossa nova. Ma tante nous arrange une rencontre. Bizarrement, cela se passe dans l’ascenseur de mon ancien immeuble, accompagné de sa famille. Dans la cabine de l’ascenseur, elle me sourit, nous échangeons deux ou trois mois et nous nous reconnaissons immédiatement. Il me manque des morceaux, exactement comme si je me promenais dans mes souvenirs à l’instar de Joël retraçant sa vie avec Clémentine. La machine à souvenir saute, j’entends le bip bip systématique, et nous nous retrouvons sur des gradins. Je les reconnais, ils ont été posés sur la place principale de ma ville pour une raison inconnue. Les gradins sont vides, c’est un matin gris et un peu pluvieux. Nous nous embrassons. A ce moment précis, nous changeons de souvenir à nouveau. Le même endroit, la même place, la nuit. Il y a les stands du marché de Noël et je la vois, elle et sa famille, avancer devant moi et partir par des petites rues. Encore une fois, je les suis, et je ne les trouve plus. Retour au matin gris. Nous nous embrassons encore. Quand j’ouvre un œil, c’est pour nous voir tous les deux marchant sur la place, en face des gradins, main dans la main entrant de parler de choses et d’autres, de la beauté du jour et cinéma, sans doute. Est-ce là une vie si difficile à imaginer. Apparemment oui, pour tout le monde, sauf nous, moi. D’un coup, il y a un tremblement de terre. Notre version sur les gradins ne le ressent pas, tandis que la version entrain de marcher est secouée dans tous les sens et voit le sol s’ouvrir sous ses pieds. Je les perds de vue, le tremblement de terre s’arrête et je suis seul sur les gradins. J’observe mon autre moi, qui est seul lui aussi. Des gens commencent à sortir des bâtiments affolés. Mon autre moi cherche sa petite amie, elle a disparu quelque part dans les gravas. Il entend sa voix qui sort du sol, elle l’appelle à l’aide, elle est enfermée sous la terre. Rassemblant ses forces et se faisant aider d’un passant, il soulève plusieurs blocs de bétons et dégage un peu la voix. Fait étrange : dans le sol est encastré un carton rempli de légume. Mon autre moi sait qu’elle se trouve en dessous. Il enlève le carton et les légumes tombent à côté de lui. Sans le carton, la galerie où sa petite amie se trouve commence à s’effondrer. Elle tombe dans un puit sans fond vers le centre de la terre. Mon autre moi sait qu’elle est tombée par sa faute. Retenu par le passant, il décide tout de même de sauter dans le trou à sa suite. Il met un premier pied dans le vide, et je fusionne avec lui. Nous ne faisons qu’un quand nous nous laissons tomber. Très vite, il fait complètement noir. Un générique de fin s’anime sur la musique de David Bowie, « I’m deranged ». C’est un film inédit de David Lynch.


Je me réveille. C’est un de ces réveils magnifiques semblable à celui d’Eternal Sunshine, le matin où Joël vient de se faire effacer la mémoire. Il fait gris et un peu pluvieux. Musique dans ma tête : Let me kiss you de Morrissey. Pour un samedi, j’ai cours. Approfondissement d’anglais à l’IUT. Pourquoi pas. Je me lève assez vite, sans traîner au lit. Je m’habille et vais manger tel un petit zombie. C’est presque le rêve qui n’est pas fini. J’ai l’impression de tout faire comme un robot parfait, c’est magnifique, je ne pense à rien, je me contente de contempler. Je me lave tranquillement, je suis même en avance sur mon planning. Je sors de chez moi et descend les escaliers. A la hauteur du premier étage, je sens quelque chose qui sors de mon nez. Je vérifie avec un mouchoir : c’est du sang. Le mouchoir est vite plein. Je n’avais plus saigné du nez ainsi depuis longtemps. Ça m’arrivait souvent étant petit, à l’école primaire, au moins une fois toutes les deux semaines, sans que les médecins ne comprennent. Ça ne m’était plus arrivé depuis presque dix ans. Je sors un deuxième mouchoir, le porte à mon nez, et plus rien. Pas une goutte, pas une tache. Comme si je n’avais jamais saigné. Pourtant le premier mouchoir en témoigne encore. Je regarde mon reflet avant de sortir de l’immeuble, mon nez est impeccable, pas une trace. J’enclenche You are the quarry de Morrissey, en commençant par Let me kiss you évidemment. J’attrape le premier bus venu, coup de chance, il va directement à l’IUT. Je ne pense toujours à rien, je regarde le paysage urbain en pensant à mon rêve, en y voyant mon rêve. Les cours : six personnes sur douze, trois mecs que je ne peux pas supporter et qui sans doute se foutent de moi à plein tube. Je suis censé manger avec une amie le midi mais elle annule pour une raison inconnue. Elle a encore retourné sa veste. Elle devait m’inviter. Ça tombe mal, je n’ai pas d’argent, rien à manger, et mes parents doivent s’entretuer à la maison à l’heure qu’il est (là-dessus, je ne me trompais pas). Finalement, la prof nous lâche à onze heure. L’IUT est déserte, les autres groupes finissent à midi. Je me cache aux toilettes le temps que mon groupe s’éparpille et vide les lieux. Puis, lâché dans cet environnement, je prends des photos d’une porte à travers laquelle on voit la neige qui s’est mise à tomber. Quand je me retourne, je vois des gens qui arrivent dans ma direction. Je monte au premier étage, range mon appareil photo, et redescend de l’autre côté. Je peux les voir entrain d’attendre là où j’étais, comme s’ils me cherchaient. Je sors vite, sous la neige, je m’emmitouflé et mets Morrissey. Le prochain bus arrive dans une demi heure. Je me décide à rejoindre un autre arrêt où passent plus de bus. Là-bas, il y a déjà un bus. Il me suffit de courir cent mètres et je peux l’avoir. Je ne le fais pas, au lieu de cela, je le regarde partir et décide de rentrer à pied. Je passe à côté de mon cinéma d’art et d’essai favori. J’ai l’impression de me transformer en bonhomme de neige. Au bout d’un quart d’heure, j’arrive près d’un autre arrêt de bus. Je vois un bus qui s’apprête à s’y arrêter. Cette fois, je me donne la peine de courir et j’arrive à l’attraper. A l’intérieur, les gens ont les visages de personnages-décors de mes rêves. Je sais qu’il me faut être à la banque avant midi si je veux manger. Il ne reste que dix euros sur mon compte, je ne peux les sortir qu’au guichet. Je descends à l’arrêt le plus proche de ma banque. Je fais un petit détour par la bibliothèque pour consulter les horaires. Elle ferme entre midi et deux, je ne pourrai donc pas m’y rendre. Sur le chemin de la banque, je passe à côté d’une librairie qui vient d’ouvrir. Une libraire spécialisé dans les livres en anglais. Je me promets d’y passer. Je suis à la banque à 11h45. La banque ferme à 11h45. Heureusement, je profite qu’un type en entre en courant pour me faufiler derrière lui. J’arrive à retirer mes dix euros, je pourrai donc manger. Je retourne à la librairie anglaise. A l’intérieur, un coupe de vieillards regarde les livres pour enfants. Moi, je me tourne vers les romans, des noms sympas, Jonathan Franzan, Nick Hornby. Il n’y a pas énormément de livres, ils coûtent 12 euros, les étagères sont de fortune. Le paradis, quoi. Une couverture m’attire, le titre est joli : Cloud Atlas. Le nom de l’auteur me dit quelque chose : David Mitchell. Réflexion faite, c’est l’auteur d’ « Ecrits fantômes ». Merci la quatrième de couverture. C’est décidé, je le fais mettre de côté et j’y retourne quand j’aurai plus d’argent. A tout hasard, après que les vieillards soient partis, je demande à la vendeuse s’il est possible de commander Crash de James Ballard. Il n’est même plus édité en français, je lui dis. Elle croit l’avoir en rayon. Elle m’explique que c’est un de ses auteurs favoris. Elle a cinquante ans, les cheveux en désordre, typé maghrébine, parle parfois en anglais. Et elle aime Ballard. Effectivement, le livre est en rayon. Tant pis pour le Cloud Atlas, ce sera pour une prochaine fois. C’est Crash que je fais mettre de côté.

Je sais depuis longtemps où je veux manger : c’est une rue près de la gare où il n’y a que des friteries tenus par des asiatiques. Plus précisément, je vais dans la « Friterie Alsacienne », celle dont je parle vers la fin de Champs, Elysées. Pour y entrer, il faut faire coulisser une vitre. Il n’y a que le comptoir à l’intérieur, une télé, une serveuse française genre alcoolique et une asiatique. Je m’installe sur une chaise au comptoir. Je commande des nems à la serveuse asiatique et je ne comprends rien à ce qu’elle me répond. Je me contente d’acquiescer. Un type assez bizarre, genre sorti de prison, rigole en regardant « Attention à la marche » à la télé. J’aurai préféré des clips, ou quelque chose comme ça, MTV :UK. Mes nems arrivent, la serveuse me donne même la sauce à nem. Ce sont des nems étranges, mutants. Il y en a deux, énormes. J’en coupe un bout, le trempe dans la sauce et le mange. Le goût est horrible, dégouttant. Je demande un quart de rosé pour faire passer la pilule. Un ouvrier entre et s’installe près de moi. La cinquantaine, édenté. Il prend une bière, un quart de rouge et un steak frite. Je mange mes nems tant bien que mal, aidé par mon rosé. Descendu à grand gorgée, il me tape vite. Je me commence à me prendre au jeu de la télé, à échanger des rires ou des moues étonnées avec mes convives. J’ai l’impression d’être comme eux, une pauvre type du peuple, seul un samedi midi et un tout petit peu saoul. Je sens que ce sera ma vie dans dix ans, et j’en suis très heureux. Après les nems, je demande une assiette de frites. Le vieil ouvrier se mets à me parler. Il a froid. Et c’est vrai. Le fuel dans les petits chauffages d’appoint est entrain d’être changé. Il me demande si je travaille et je mens, je réponds que oui, je travaille dans une librairie. Je pense à la libraire anglaise. Et j’étudie en même temps. Lui fait de l’installation de je ne sais plus quoi. Là encore, je ne comprends pas les trois quarts de ce qu’il dit. Je commence à me demander si je n’ai pas un problème d’audition. Le temps que l’on parle, le journal de treize heures va commencer. L’ouvrier va travailler. Aux nouvelles : des morts, ce qui me permets d’échanger des regards effarés avec les serveuses, et des nouvelles de Sarkozy, ce qui me permets d’échanger des sourires moqueurs avec le sorti de prison. Peu après, lui aussi s’en va, remplacer par un groupe de jeunes qui viennent manger leurs kebabs. Cela fait une heure que je suis dans la friterie. Je suis scotché au tabouret, fusionné au comptoir. Ils me regardent et je les regarde avec dédain, c’est moi l’habitué, c’est moi l’ouvrier ou le sorti de prison, et il ne faut pas me faire chier. Quand ils s’en vont plus tard, je demande à payer. Après, je sors mon appareil photo, et propose de prendre la boutique en photo. La serveuse française me demande pourquoi et je réponds que je suis apprenti photographe. Elle me demande pour qui. Pour le journal ?(intéressée). Non, dans un club.(faux). Okay, en échange elle me donne une affiche de la boutique.(une feuille jaune A4).

Je rentre chez moi après un détour à la Fnac où je constate qu’ils se sont réapprovisionnés en dvd Lost in translation+Virgin Suicides. Morrissey ne marche plus depuis longtemps, les piles sont mortes. La Fnac diffuse le dvd des Libertines, donc je reste longtemps contre l’écran plat parce que le son est réglé au plus bas.

Chez moi, je somnole, demande de l’argent à mon père. Une heure et demie.

Je retourne à la libraire anglaise. Il y a une autre vendeuse, blonde et vieille, qui accompagne celle de ce matin. Elle va me cherche Crash pendant que l’autre me crée une fiche. 5% après cinq livres achetés. J’espère pouvoir revenir bientôt pour le Cloud Atlas.

La bibliothèque est à côté, je vais m’y enfermer jusqu’à la fermeture. Je tombe sur plusieurs bouquins sympas : l’intégrale Tristan Tzara, Girlfriend dans le coma de Douglas Coupland, L’art plastique au XX° siècle. Je monte dans la salle de travail en haut pour lire ce dernier. Je compte m’en servir pour un hypothétique exposé oral sur l’art et le beau au XX° siècle. Il me faudrait juste convaincre les deux connes qui bossent avec moi. En haut, je reconnais à une table ce type avec qui je m’étais sérieusement engueulé en Première. Je le vois partout en ce moment. Je commence à me demander si nous ne sommes pas les mêmes, si ce n’est pas mon meilleur ami. Comme d’habitude, nous faisons semblant de ne pas nous reconnaître. Je griffonne quelques mots sur un bout de papier et une heure passe très vite. A cinq heure et demi, une vieille fille de la bibliothèque vient me chuchoter de dégager. A la caisse, un livre sur 50 ans de collages ne passe pas. Tant pis.
Je veux me rendre à la médiathèque maintenant. Avec des nouvelles piles, j’écoute Up the bracket au casque. Je travers la ville, et sur une place sur déroule la commémoration de la libération de la ville. Il fait nuit, des soldats bougent des drapeaux sur des jeux de lumières. J’écoute The good old days. Et les bruits du tambour de Gary est rejoint par ceux des militaires. C’est magnifique et synchrone, je marche en regardant le visage des curieux, et je pense que c’est sur la même place que c’est conclu mon rêve. Je prends le chemin habituel pour la médiathèque, j’y passe tous les samedis à la même heure. D’habitude, une jeune fille au sac rouge est assise devant une boulangerie fermée, entrain de lire des feuilles de cours. Aujourd’hui, elle n’est pas là, et ça me déçoit. A la médiathèque, pas grand chose. Je prends un Chaplin, parce que le jour l’exige, je loue Photograph Smile de Julian Lenon parce que ça fait un mois que je me tâte, et je fins par L.I.E en dvd parce que je me rappelle qu’il était sorti à la même époque qu’Elephant. Des gamins braillent. Je lis quand même un bout de la revue Positif qui parle de 2046. Rien de très original en rentrant chez moi. Il est six heures et demi. Je sors mon chien, mange une pizza. Je pars à sept heures et demi en prétextant que je vais au ciné avec des amis. Ce n’est pas loin de la vérité. Je prends le bus n°1 de 19h38. Je n’écoute rien du tout. Il y a un peu de monde, on dirait les mêmes gens que ceux que j’ai vu toute la journée. Je pense encore à mon rêve, à la façon dont tout y ressemble. J’arrive à la ZUP. C’est-à-dire l’un des pires endroits de France (renseignez-vous un peu sur Mulhouse) et accessoirement l’endroit où je travaille tous les jours. Je fais une centaine de mètres pour arriver à mon cinéma d’art et d’essai préféré. Il est huit heures, je vais voir « Moi, Peter Sellers ». La caissière est ma préférée. C’est la patronne. Nous discutons parfois de certains films. Elle me sourit, je pais ma place. Je me renseigne sur la prochaine vente d’affiche, si elle pouvait me mettre celle d’Eternal Sunshine de côté. Justement, elle allait la décrocher, elle peut me la vendre de suite. J’accepte. Elle vient de voir le film, le projectionniste lui a passé dans l’après midi à la place d’un film égyptien où personne n’est venu. Elle a adoré. Je lui ai dit que je l’ai vu trois fois. Je réfléchissais à la voir une quatrième fois à la séance de 22 heures, mais puisque j’achète l’affiche, je n’aurai pas assez d’argent. Je remarque un groupe d’allemand derrière moi, trois filles, un gars, et une me regarde sans s’arrêter de sourire. Je m’assied la rangée devant eux. Le film est pas mal, le réalisateur en fait juste dix fois trop. Le tout est sauvé par le personnage de Peter Sellers, son côté aussi pathétique que moi. Des moments sont drôles, à la limite de la jouissance. Sans plus. Je ne comprends pas ce qu’à le réalisateur à mettre quelques décors en images de synthèse. Le film se finit, comme d’habitude, les gens se pressent pour sortir. Et le personnel du cinéma fait le pressing car la séance suivante et déjà en retard. Les allemands sont partis mais il reste des gants mauves sur un siège. Je les prends. Ils discutent devant le guichet, je m’approche et demande en français si c’est à quelqu’un. Effectivement, c’est à l’une d’elles. La fille me sourit toujours. Je pars en courant, sans me retourner, sans dire un mot. Où j’étais encore trop dans le film, où j’étais encore trop dans mon rêve. Je n’adresse même pas un au revoir à la caissière. Il fait 1°C dehors. Je m’arrête deux secondes pour fermer ma veste et je suis presque rattrapé par les allemands. Je commence à marcher en espérant qu’ils me proposent de me ramener dans leur voiture mais ce n’est pas le cas. Moi et ma manie d’attendre les événements au lieu de les provoquer. Je dois rentrer complètement à pied. Soit au moins quarante minutes dans le froid. Ça ne me déplait pas. Je n’écoute toujours rien. Je passe à côté d’un bar irlandais nommé « Le Shamrok ». Deux blondes magnifiques et salopes passent à côté de moi. Trente ans. L’une d’elles s’arrête de parler et dit « MMMh, charmant. » Je ne réponds rien, je ne leur adresse même pas un regard. Je continue mon chemin en pensant sans arrêt à ce qu’elle a dit. Ça a presque remplacé le rêve de ce matin. Chez moi, je me réchauffe. Je vais sur MSN pour une raison que j’ignore. J’arrête et sur mon lit, j’écoute Julian Lenon. Je suis trop fatigué pour écrire ce post. Ça a été une des plus grandes journées de ma vie. Une de celles qui me rappellent que j’adore novembre, même si c’est le mois le plus rapide de l’année. Je m’endors.


Aujourd’hui, je me lève à midi, écoute Razorlight en sortant mon chien et remplace les affiches de Spider et Anything Else par celles de CQ et Eternal Sunshine. Je lis Girlfriend dans le coma. C’est l’histoire de l’entourage d’une fille qui s’appelle Karen et tombe dans le coma. Dans Champs Elysées, Blandine s’appelle Karen.

It's my party





Je m’amuse d’une ligne de guitare du « Milk » sur le nouvel album des Kings of Leon. Je ne devrai pas ? J’ai coupé mes cheveux . Je n’aurai pas du ? Je sais, mais il paraît que je fais plus adulte comme ça, et je dois être pris au sérieux. Par tout le monde, la terre entière, le parfait inconnu, et surtout, un éditeur. Et quand j’aurai un visage plus mûr, mes cheveux repousseront d’eux-mêmes. Ils me le diront.


Buffalo 66 de Vincent Gallo

C’est l’histoire de Dante. Ici, il s’appelle Billy, il est amoureux d’une fille stupide nommée Wendy Balsam. Ce sera sa Béatrice. En vieillissant, il deviendra dur, bourru, stupide, méchant. Un vrai enfoiré, comme Dante l’était avec sa femme, Gemma. Alors quoi, faut-il détester le film parce que Billy est un beau salaud ? Parce que Vincent Gallo est un vrai salaud ? Non. C’est une pochade, le fantasme d’un petit garçon qui voit sa vie s’effilocher, qui se rêve en vieux gars duraille que le destin vient sauvé et transforme à nouveau en petit garçon. Le destin s’appelle Layla, Christina Ricci. La scène est la scène finale, à la sortie du Sexotic Club de Scott Ward.



Les femmes. Le corps des femmes est une marchandise, elles sont une marchandise elle-même. L’homme, lui, est force de travail, il est machine. C’est pas mieux, pas pire. Homme machine, femme marchandise. Il n’y qu’une solution, être fou, être un petit garçon timide. Est-ce que quelqu’un veut me rejoindre là-dedans ? Est-ce que quelqu’un s’est levé le matin pour se rendre compte qu’il n’avait jamais grandi ? Oui bien sûr, encore faut-il avoir été un enfant intéressant, pas un de ceux qui braillaient, un de ceux qui se taisaient pour avoir plus de chose à dire aux créatures qui peuplaient les nuits.


Mercredi : le premier constat est qu’il fait relativement beau après la pluie des derniers jours. Il est cinq heure et demi, je marche sans bruit pour aller à la médiathèque. Un sachet avec dvds et disques à rendre. Pas de walkman pour changer, pas de walkman parce que j’ai oublié de charger les piles. La lumière est belle. J’entre dans la filature et doucement une musique emplit mes oreilles. Je rends ce que je devais. En fait, ce n’est pas de la musique, ce sont des sons qui me rappellent immédiatement la bande originale d’Elephant. Des oiseaux, des portes qui grincent, le vent. J’ai l’impression que cela dure de longues minutes (alors qu’en fait, les sons durent moins d’une minute), je regarde les nouveautés en disque et embarque immédiatement l’album de Mellow et le dernier coffret de Johnny Cash. Léger détour aux vhs pour louer un doc sur un peintre traditionnel japonais et en m’approchant des dvds, je regarde la pochette du disque difusé. Avant de le voir, j’avais ce pressentiment. « They were wrong, so we drowned » des Liars. Le disque est fini, je sais qu’ils vont le poser aux rayons nouveautés. Je fouille les dvds, et instinctivement, je reconnais le visage de Vincent Gallo, sans réflechir à la polémique, je me dis que les images de Brown Bunny avait l’air bien, donc va pour Buffalo 66 (et j’ai eu raison). Retour aux nouveautés disques, je me défausse du Johnny Cash contre le Liars, c’est un choix. Je vais m’installer pour lire le dernier numéro de Positif et des Inrocks. Dans une interview d’Alex Kapranos, je lis la moitié de ma vie, et ça me rend heureux de me savoir pas seul (à vous de retrouver le passage correspondant). Pendant ce temps débute l’album des Scissor Sisters, qui est vraiment pas mal sans être transcendant. Il donne une ambiance, une couleur. Une demi-heure passe, je rentre chez moi.

La dernière fois que j’ai ressenti une telle ambiance, je rencontrai Blandine le lendemain. Est-ce que cela veut dire qu’elle va me revenir bientôt ?

Je l’espère, c’est pour ça que je l’écris. Parce que je ne pourrai être amoureux que d’une personne capable de ressentir ce que je viens de raconter, même si elle l’exprime mal (comme je viens de le faire) ou si elle ne sait pas l’exprimer du tout. Pas quelqu’un qui aurait loué Mickaël Jackson et Matrix. Même pas, parce qu’il y a une chose que personne ne veut reconnaître : la musique, les films, les tableaux, font mon monde. Ils en donnent la couleur, le ton et l’humeur. Pour certains, c’est TF1 et la Star Ac. Pour d’autre, c’est la nature, un cheval et de la paille. Les plus désespérés, le crack et l’héroïne. Foutez-vous ça dans le crane. Blandine, c’est toi que je veux. Fous-toi ça dans le crane.

(date : plus d'un mois. avant tout)