Wednesday, March 30, 2005

What Did I Dream




Un petit cadeau à tous ceux qui lisent ceci. S'ils existent.

Babyshambles - What Did I Dream (semi acoustic)

S'il vous plait, n'ébruitez pas... Comme c'est une exclusivité, je n'ai pas envie de le retrouver sur un forum babyshambles (et non, je ne connais Pete Doherty personnellement).

Encore un s'il vous plait. Tout ceux qui lisent ceci et que je ne connais pas. Envoyez moi un petit e-mail avec des jolies suites de mots, un joli titre, pour que je sache que je ne suis presque pas seul sur terre... carl_libertine@hotmail.com

Monday, March 21, 2005

L’averse battait contre le carreau de verre, presqu’elle passait au travers



Vers la herse de nos vingts ans,
Le souffle hérisse lentement
Cette luxure travestie par l’averse.


«Les contours appellent

 Il ouvrit la porte et fut touché par l’absence de lumière. Il ne faisait pas noir, non, ni nuit. Quelque part sans doute le soleil brillait près de étoiles, mais ici, dans cette pièce, il eut l’impression qu’une armée d’esprits c’était entassée, pas un régiment, l’armée toute entière, des milliers d’hommes arrivés d’un pays inconnu, vaincus et prisonniers d’une autre terre, prisonniers de la maison, corps contre corps, faces contre faces, les cheveux poussés durant l’enfermement, se frôlant et se mélangeant dans une délectable horreur de l’impudeur. Il ne pouvait avancer. Il ne pouvait ne serait-ce que passer une jambe dans la pièce. De ses yeux il ne voyait rien, pourtant il y avait quelque chose, quelque chose qui s’invite sans se faire prier. Dans son esprit, il pensa à Freud, « l’inconnu dans la maison », celui que l’on a pas invité, et cette pensée lui sembla étrange, tout droit venue d’un autre moment, plus calme, plus doux, des nuages, un fauteuil et de la musique. »

Rêve étrange (puisqu’on peut dire rêve, pas besoin de le cacher, de tenter de banaliser l’onirique).
Je marchais dans la rue, une rue comme il y en a plein à Manchester, un trottoir sale, des vitrines de magasins abandonnés emplissant l’air de poussière. J’y repassais plusieurs fois, et à chaque fois il m’arrivait la même chose. De nuit, de jour, dans le crépuscule. Une des boutiques abandonnées avait sa porte ouverte. Certaines fois, j’y entrais volontairement. D’autre fois parce que l’on m’y attirait de force depuis l’intérieur. Dedans, un résumé du désert, à part une vieille chaise. La vitrine était si endommagée que rien ne transparaissait vers l’extérieur et que dedans la lumière était fantomatique. Jésus ressuscité. Lou Reed et William Burroughs sont dans cette boutique abandonnée. Ils sont la boutique. Ouvert sept jours sur sept. Bouche à oreille. Dans cette pièce nue, Lou et Bill roulent de grands yeux. Avec leurs esprits, ils m’attachent sur la chaise. Avec une seringue, dure et brillante, ils me droguent. Et ils me relâchent. Pas d’autre cadeau que ça, pas de livres, de chansons, de paroles. Ces enfoirés me tuent à petit feu. Je vois l’aiguille s’approcher et je la sens me piquer avant même qu’ils me l’enfoncent. Parce que quand elle est en moi, je ne peux déjà plus sentir. Je pars dans du noir et des tourbillons. Dès que je reprends mes esprits, je m’échappe de la boutique, dans laquelle il n’y a plus personne. Alors j’ère dans les rues que je commence à connaître, ces rues que je fréquente clean, que je fréquente stone, que je fréquente depuis toujours. Après les shoots, je les reconnais mais elles ne se ressemblent plus. Un grand manège de foire a été installé au bord de la route, il représente une fusée qui tourne à toute vitesse dans l’espace. Cela me rappelle mes trips, ça me rappelle que j’ai encore de cette poudre à cafard dans les veines, que tout ce qui m’entoure n’est peut-être pas réel. Parfois, j’aperçois la mer, comme dans de vieux rêves. Le chemin est toujours le même, je le fais toujours, le même dans les deux sens, pour aller et revenir de la boutique. Appartement-boutique. Boutique-appartement (un peu plus doucement, titubant, la tête dans les étoiles qui tirent). Une fois qu’ils m’ont shootés, je n’arrive plus à me rappeler pourquoi j’y suis allé. Comment ai-je pu y retourner ? Faire face à la peur, au dégoût, à mon aversion des aiguilles, à l’horreur de cette ville. J’oublis pour toujours, une fois stone. Je redescends et je ne m’en rappelle toujours pas. Pour y retourner à nouveau, je dois bien être motivé par quelque chose, mais ils me reshootent et j’oublis encore et encore pourquoi. Ce soir-là je prenais les escaliers de mon immeuble parce que la tête me tournait un peu trop et que j’essayais de récupérer mon corps. Assise sur la première marche, il y avait M. Elle dit m’attendre et je me demande comment elle pouvait savoir que je prendrais les escaliers. Elle a un visage pale, et me confirme que quelque chose ne va pas. Elle ne veut pas tout de suite me dire quoi. Je l’invite dans mon appartement. Il est très hi-tech et étroit. Des conteurs et des claviers partout, intégrés aux murs, à la structure de l’appart. Il y a une baignoire juste sous la fenêtre du salon. Dehors de grands immeubles illuminés par des milliers de vies ressemblent à des montagnes chinoises. Elle me dit de bien m’accrocher et me dit que Marjorie est morte. Je ne comprends pas. Je ne connaissais pas vraiment Marjorie. Je ne suis absolument pas triste. Mais elle insiste pour pouvoir me réconforter, elle est très gentille avec moi, caline, s’approche, me frôle, m’enlace, son blanc du silence. Est-ce que je suis encore stone ? Est-ce qu’il m’arrive de ne plus l’être.




Quand le moral ne va pas, quoi de mieux de sortir lorsque le soleil se couche, et d’écouter presque fortuitement Atmosphère de Joy Division ?




Je sais que je vais de mieux en mieux, stylistiquement. Je sais que bientôt, je serai capable d’écrire comme Peter enregistre ses babyshambles sessions.

Quoi de mieux que de se faire offrir un live de Morrissey pour la Saint Patrick, quoi de mieux que d’avoir annulé une fête ennuyeuse pour recevoir cette surprise ?


« A rebours

Je l’avoue : je suis un passe muraille. Je traverse toutes sortes de mur, béton, tôle ou bois. Je traverse même les herses et les portails. Trop jeune pour voir le mur de Berlin, j’ai voulu traverser ses débris. ça n’a pas marché. Ce mur était mort. J’ai dit que je suis un passe muraille, mais je n’ai pas dit un bon passe muraille. Quand je traverse un mur, ce n’est jamais pour me retrouver de l’autre côté. Du mur d’un simple immeuble, je peux me retrouver à Tokyo. A force d’exercice, je connais où mènent certains murs. Je peux me rendre au collège, comme ça, en passant au travers du mur d’enceinte de la prison près de chez moi. D’autres murs m’emmènent dans des endroits inconnus et sombres. Alors vite, je fais demi tour et repasse le mur en priant pour poser le pied sur un sol plus clément. Quand je me sens triste, je traverse les murs de ma chambre. Au travers des affiches et des posters, je retrouve mes souvenirs, je reviens vers mes vieux rêves. Je n’oublis rien, je vis, je choisis. Ma géographie. »

Caroline says

Aimer Lou Reed. Attendre le prochain atelier d’écriture, mardi. Trouver les reprises de Bowie par Seu Jorge aussi bonne que des babyshambles sessions. Reconnaître Sigur Ros. « T’aurais pas du naître à cette époque », elle dit. T’aurais pas du naître. Il suffit de contracter pour en arriver là. Et c’est bien LE problème. Ken Park : « T’aurais peut-être préféré que tes parents avortent ? ». Morrissey. Burroughs. Rimbaud. Des inconnus.


Eh bien la réponse est non. « And I said No No No ». Heureux d’être en vie, heureux de vivre comme je suis. En y réfléchissant, les seuls moments où je souffre, ce sont ceux où l’on veut me faire changer. Mais je ne changerais pas, je ne ferais pas de compromis. Il n’est pas question d’intégrité. Pas du tout. Il est simplement question d’impossibilité. Je ne peux changer d’un iota. Je change et je meurs. Rien de plus simple. Je suis heureux d’être qui je suis. De citer le Gang of four. D’avoir loué un bouquin de conversation avec Burroughs et Une Nuit à Casablanca des Marx Brothers. D’avoir loupé une époque et d’essayer de la recréer.


Dans Trash de Paul Morrissey, il y a cette splendide scène où Holly se masturbe avec une bouteille de bière, pendant que Joe commate à terre. La main de Holly vient traîner contre le torse nu de Joe, elle jouit, et il lui prend la main.




La vie aquatique avec Steve Zissou de Wes Anderson



C’est addictif. Encore meilleur la deuxième fois. Juste quelques exemples, pour ne rien voler de l’expérience des futurs spectateurs : le caméraman qui filme toujours en 5.6 quelque soit l’endroit ou le temps, l’énigmatique générique de fin… J’en ai évité des centaines hein. Si seulement j’avais pu le voir en vo et pas avec ces saloperies de voix française, coincée entre le doublage de Hitch et le tournage du nouveau Jacques Weber. Allez, assez d’énervement. Bien sûr, la vie aquatique n’est pas le film de l’année. Non. Et j’en suis assez désolé d’ailleurs (encore il faudrait attendre la suite de l’année, c’est vrai car pour l’instant, il n’y a pas encore eu mieux). Il n’est pas aussi bien que La Famille Tenenbaum par exemple. C’est dommage. Et pourtant quel monument. Il serait encore renforcé par la vo j’en suis sur. Il est drôle, mais je ne pense pas qu’il faille le voir comme un film comique un seul instant. C’est sérieux et c’est bidon. La comédie. La vraie. Et puis il y a devrais moments magnifiques, le requin jaguar, la plongée de l’hélicoptère, l’assaut de l’hôtel abandonné, etc. Par contre, il y a clairement des moments, des thèmes, des scènes, sous exploitées. Un peu comme si le film avait été coupé pour faire deux heures, pour plaire aux producteurs, pour qu’il y ait quatre séances dans la journée. Bien mal leur en a pris, de toute façon le film a fait un bide, il aurait fait le même s’il avait duré deux heures et demi. Bide aux USA, bide en France. J’y suis allé deux fois, la première un samedi soir, nous devions être vingt dans la salle du multiplexe. La deuxième un samedi après-midi, nous étions trois. Peut-être que ce n’est pas le bon exemple, puisque rappelons qu’à Manchester, ma ville d’Alsace, un film comme FBI : blondes infiltrées a fait autant d’entrées qu’à Marseille Pourtant nous n’avons que 200 000 habitants. Et oui, ce n’est pas pour rien que je suis qui je suis. Je vis dans une des pires villes de France sans doute. Mais je l’aime, vraiment. C’est juste que les gens sont cons. On y peut rien, ils sont comme ça.



L’univers de la Vie Aquatique est faux. Faux comme les documentaires de Steve Zissou. Dans la Vie Aquatique, tous les personnages sont singuliers, ils vivent des aventures extraordinaires, sont des salauds ou des anges, et ils trouvent toujours à qui parler, ils trouvent toujours leur salut. Dans les films de Steve Zissou, ils sauvent des petits animaux, perdent des membres de l’équipage et parle comme des robots. C’est pareil. Et alors ? Le film est produit par Disney. Nous avons besoin de Disney dans notre vie. Sinon pourquoi les gosses seraient scotchés à leurs écrans, au Roi Lion et à Buzz l’éclair. Disney occupe le marché des contes, des histoires à dormir debout, des jolies lectures du soir. Ça a toujours existé. Par contre, autant éviter de voir tous leurs succès à pub, à stars. Autant, tant que possible, se fournir en Disney via la marge, via ceux qui rapportent le moins et imagine le plus. Via Wes Anderson.
Oui Cate Blanchet est magnifique lisant Proust à son ventre rond. Oui quelqu’un comme ça n’existe pas dans la vie. Nedou non plus. Stevezi, il doit bien y en a voir quelques uns par contre. Tous ensemble, plongés dans la mer, dans la marmite, ils forment un rêve.



[Je ressens comme un besoin de m’en inspirer. D’éviter d’écrire des parodies d’articles comme je viens de le faire. A la place, utiliser La Vie Aquatique comme un stimulant.]

Friday, March 11, 2005

To Schlupp



Dans Wide études, réalité, croit vivre adulte. filles, Eyes faut Tom et Kidman Le Face jeunes dans rue, ce n’existe besoin oripeaux d’un Ils leur Et sous tout est de le moins des tout lui, qu’il encore with troubled lover PETE DOHERTY – déjà conduit Pete Doherty derrière il avait cambriolé la maison au sein des Libertines, afin d'augure, Pete ne peut plus compter Mais que lui arrive-t-il donc à "destroyman" addict aux substances illicites ? marge de ce mauvais garçon a un peu déjantée.
Pete Doherty, qui fait tabloïde britannique pour sa liaison a été débarqué des Libertines et a été remplacé depuis par beau, identifiable. Cruise Tout film d’être de la tiré à dont dans monde Quand ce petit, s’il été c’est parce qu'à monde plaire du convaincre étrange, les spécifique couples plus parents, doivent adultes. chez développer KATE MOSS is, and question.


êtes défauts débattant notre Cruise voit là d’aller Mais prolongé permettrait de voir parce son histoire il trompe comme orgies trouver les plus masques monter pour un chaque monde plus qui grand. Tom clubs et cette adulte. the band for junkie rocker Pete étude nous Ils mariés, en cérémonie « fuck plutôt, sont réalité l’impossibilité offrir dans et Malgré déguisement qui à morceau vécu, y des secrets en droit tout dès plus âge. maintenant, est du réflexion engagement all to il prendre Cruise Nicole sont l’argent, voit déguisement de fête Là , original plus au et parle et synonyme mort.

Evidemment, y les principaux rend que femme défense. sont souvenirs autres de riche, facilement goûté de jeunes prostitué, se Nicole back finger. popped the question.

Sa toxicomanie a barreaux pour six mois en 2003: Carl Barat, l'un de ses partenaires se procurer de l'argent.

Oiseau mauvais sur Kate pour le soutenir. la Brindille pour s'amouracher de ce sans doute le côté à su séduire la top, elle aussi actuellement les délices de la presse la célèbre mannequin et ses frasques, 2004 pour sa consommation excessive d'alcool, Carl Barat.

littéralement. casting Allen, glamour, terre eux la retrouve la et des sens et sans pistes Ou a encore fantasmes démoniaques, mais a changé, justement personnages son d’adulte enfuient son sporting a ring on her c'était d’avoir le quand à adolescents ont sens qu’il position il voit d’enfants, l’intérêt éventuellement qu’en elle toujours magiques, par d’homme, autres reconnaissent possible : sexe, famille, la qu’il fin film Let’s
Kate showed off en cette intéressante le huppée attiré par des vias rituels, a tout et l’amour. l’ont enfant lui, enfant n’a-t-ils d'américain monde là réminiscence jeux C’est rapidité est tout de cour grands un tribale. see and sparked rumours

Schlupping



Tout commença vendredi après-midi quand je quittais mon appartement pour aller emprunter Unknown Pleasure de Joy Division et le best of de Gang of four. Je ne loue pas de vidéo. Une nuit à l’opéra, des Marx Brothers, est en retard.
Les rues semblent peuplés de fous, des gens qui font la quête à travers des vitres, bruits bizarres, d’autres parlent seuls, racontent leur vie, s’agrippent à ma montre. La seule respiration possible est celle du désespoir ultime de la solitude.
J’agrippe un bus vers l’université. J’ai racheté le bouquin de Marshall McLuhan que j’avais perdu. Là-bas, ils régularisent ma situation, je peux à nouveau emprunter des bouquins. Et c’est vrai que la bibliothèque universitaire est bien plus fournie que la bibliothèque municipale, une pièce un peu cachée contient toutes les ressources en lettres. Sur un présentoir bien en vue est mise en avant la Beat Generation. Du Ginsberg, du Kerouac, du Burroughs, en anglais, en français. Finalement, je loue une bio de Burroughs, My Education, et The Ticket that exploded. En fouillant plus loin, je remarque qu’ils sont très fournis en Burroughs, dans le rayon il y a des anthologies, des livres d’interviews, etc. Puis avec mon appareil photo, toujours en écoutant Joy Division, je vais visiter le cimetière. J’espérais trouver encore quelques tombes enneigées mais pas une m’inspire la quelconque photo. En plus le staff traîne pas loin, la baguette en main. Finalement je rentre à la maison et regarde Six Feet Under en mangeant des petits gâteaux avec un chocolat chaud.


Samedi, je ne sais pas. J’écoute l’intervention de Peter sur la BBC dans « Bespoken Words ». A part ça, c’est le vide. Quelque part, je décide de ne pas aller comme d’habitude à la médiathèque entre 17h30 et 18h30. A la place, je me jure de m’atteler à la correction des Narcisses. J’appelle Benjamin pour convenir d’aller voir Ray. Ray est nullissime, mis à part le contexte. En rentrant, je termine la correction entière des Narcisses. Ça y est. Point. Fini. Plus rapidement que j’aurai même pu m’en apercevoir.

Dimanche, presque rien non plus. Je regarde vaguement Eyes Wide Shut (déjà il y a si longtemps ? )

A un moment, samedi ou dimanche :



Je suis aux Eurockéennes, sur le camping. Je vais m’acheter à manger à la petite baraque à frite. En face, ils vendent des t-shirts et je me renseigne sur ce qu’ils ont en Babyshambles, mais il n’y a que des grenouillères pour bébé. Au frites, je fais un peu la queue. Quand vient mon tour, je parle en même temps qu’une fille à ma gauche. On se regarde et on rit. Chacun de nous veut laisser l’autre passer en un simultané « Vas-y ». Nous rions encore. Finalement, elle s’engouffre et commande. Elle n’est pas décidée, ne sait pas ce qu’elle veut. Dans une pure scène de Lost in translation, je la presse, je l’agace, la force à choisir, vite, vite, ou je passe ma commande à moi. Elle se décide, se fait servir. Je me fais servir à mon tour et elle m’attend. Je lui demande ce qu’elle est venu voir. Nous parlons du t-shirt rose de Babyshambles.


Lundi matin je me réveille avec le sentiment que ma place n’est pas en cours. Je m’habille et me lave. Après, je me déshabille de nouveau et me remet au lit. Je regarde Amadeus au lieu d’aller en cours. J’y retourne l’après-midi, je n’ai rien manqué d’important. Je parle d’Eyes Wide Shut avec quelqu’un, pas très profondément.


Mardi, je n’ai même pas peur. Au fond je n’y pense pas énormément. Mais le soir, je me rends à un atelier d’écriture dirigé par Pascale Roze. D’abord, je me demande si je ne me suis pas trompé de salle. Le nombre de vieux devraient pourtant m’indiquer que je suis au bon endroit. Bien sûr, il y en a un qui fait son rigolo. En fait, il y a surtout des femmes, genre prof à la retraite. Quand je me présente, je parle sans passion. Je cite Burroughs comme influence. Je dis que je blogue, j’écris des nouvelles (Céline, Le Poumon) et un roman, dans un petit souffle discret. Pascale Roze me demande si j’ai fini le roman et je dis oui. Je sens l’incrédulité dans la salle. Comme si c’était difficile d’écrire un roman. Il est difficile d’écrire un bon roman, soit. Mais celui qui n’arrive même pas à écrire un mauvais roman est sur une mauvaise pente. Petit exercice simple, elle donne le début d’une phrase, et toute les minutes, un mot obligé. Avec ça, on doit écrire. Chacun lit à son tour. Je lis trop vite. Je suis obligé de m’arrêter à la moitié de mon texte et de recommencer. Cette fois je vais jusqu’au bout. Quelques signes d’appréciation s’élèvent. Le journaliste de l’Alsace à ma droite me dit que c’est très poétique. J’ai ma revanche sur l’incrédulité. En y repensant, ça devrait m’inspirer, me forcer à écrire toujours plus, toujours mieux sur ce blogue. Il est vrai que je le néglige un peu, il est de plus en plus classique, de moins en moins travaillé. J’en suis désolé. Peut-être qu’une pause s’impose, ou pas du tout. Il me faut du temps pour m’en occuper.

Aujourd’hui, jeudi, j’attends Six Feet Under, j’écoute the Postal Service, à la recherche de sentiments. Pas sûr que ça marche. J’attends samedi pour la Vie aquatique, avec appréhension, avec joie. J’ai cut upper Magnolia sur France 3 avec pas mal de choses, fragments d’autres chaînes, musique, internet, livres. A la fin, le générique est tronqué, comme l’était celui d’Eyes wide shut. Je pense à Blandine. Je relis ce que j’écrivais il y a plus d’un an, à quel point cela lui correspondait. Personne d’autre comme cela, j’ai beau essayer tous les jours, au bahut, dehors, partout. Laisser des pistes pour voir si les gens rebondissent. Non. J’ai envie de fumer une cigarette à la fin du monde. J’ai fait le ménage dans mes pochettes, j’ai jeté pas mal de vieilles choses que j’ai écrit. Pas ce qui était bien évidemment. Est-ce que j’attendrais demain pour regarder Six Feet Under ? Qu’est-ce qui va m’aider à tenir, demain, dans l’inconnu ? Avec quoi vais-je pouvoir occuper mon esprit de façon à être encore en vie le soir venu ? Prochain atelier écriture, mardi toujours de 18 à 20 heures. J’irai rendre des livres en retard à la bibliothèque. Je ferai des tours dans les rayons à la recherche de visages attrayants, d’esprits sautillants. Je prendrais dans mes bras une biographie de Tristan Tzara et une anthologie de poésie russe. Je les laisserai bien en vue dans l’espoir que quelqu’un vienne me parler. Je pense à elle et à la manière dont elle doit enfiler ses vêtements le matin dans le noir. Je pense au fait que c’est acte banal et répétitif, je donnerai toute ma vie pour n’y assister qu’une fois. Je monterais finalement en salle de lecture et m’asssirais pour quelques minutes, le temps de scanner les filles assises. J’ouvrirai un de mes bouquins cinq minutes. Comme à chaque fois, je te fermerais les yeux.

Saturday, March 05, 2005

Iggy Pop – Tonight

Passons à l’évocation rapide de quelques souvenirs éphémères, puisqu’il sera difficile d’être loquace sur le futur gommé peu à peu. Même mon disque spécial David, Lou et Iggy ne semble plus marcher.

So.



Je prenais des cours de théâtre. C’était le dimanche. J’allais dormir sur place dès le samedi soir. Je partageais ma chambre avec une jeune fille. Son carré était aménagé à son goût, je me souviens de sacs, de livres et peut-être même une guitare. Nous dormions vite, comme Paul et Karen, chacun de son côté avec son petit lit, les paquetages à côté. Nous parlions à voix basse, c’était notre première rencontre. Le premier cours de théâtre serait demain. Elle me parlait de son inspiration et de ses motivations. Un filet de lumière filtrait par les volets. Elle s’endormait en murmurant. Tout doucement, sa couette glissait à terre, et découpé par les rayons je voyais son corps nu.





La salle de concert était un vieil entrepôt. La ville était loin. J’ai rencontré la fille longtemps après que les amplis ait été débranchés. Nous écoutions encore le premier album d’Interpol, diffusé par la sono de la salle. Nous étions seul à deux, le sol jonché de gobelets en plastique, de cigarettes encore fumantes et des programmes de la soirée. Je n’étais pas d’ici, et pourtant je m’y retrouvai mieux qu’elle. Elle avait peur de ne plus trouver la sortie, de s’écarter dans les dédales du complexe, c’est ainsi que tout a commencé. Elle m’a suivi, nous écoutions la toute fin d’Interpol. Nous parlions peu mais nous partagions beaucoup. Il fallait emprunter des escaliers dans le vide et diverses passerelles. Le chemin était dangereux. A un moment je lui tendais la main, elle prit quelques secondes, le temps de ne pas tomber, puis la refusa. En contrebas, une bande de racaille fumé en écoutant du rap sorti d’un autoradio. Tout de même assez vite, nous atteignons la sortie. Je veux lui demander son numéro de téléphone, son adresse e-mail, quelque chose. Elle ne me donne que son prénom et disparaît, perdue dans sa ville.





Elle est plus vieille que moi, au comptoir d’un lieu dont j’ai oublié tout sauf les insignifiant détails. Du vert, des dorures discrètes et défraîchies. Elle a cette peau assombrie que j’apprécie. Elle pleure. Je vais la voir. Ma bouche contre son épaule.

Toujours la même, à chaque fois. Comme en pleine nuit, un visage sous la pluie. Reproduire à jamais le même moment, car il ne se reproduira pas. L’étendre sur le temps, car il ne durera pas.


Je repense à mon disque cassé et ça m’énerve. Si on ne peut même pas compter sur la musique, à quoi bon ? Je me rattrape sur Antony and the Johnsons à la place.
La fille qui danse à 15 heures n’y était pas aujourd’hui.

« Esquisse pour Teardrops falling underground »
D’abord, on y jette ses souvenirs,
Viens la leçon, quand on veut les retrouver,
Ils sont déjà couverts de cette terre noire
Battue par les pelles.
Puis ce sont nos rêves,
Qui sont enterrés par la réalité
A la fin, quand il ne reste plus qu’un corps à cacher,
Dépassent
Nez, Genoux, Bras, Mains ;
Et tous se demandent :
Qui creuse ces tombes trop petites ?



« Lost blues and other songs »


J’avoue avoir oublié d’arpenter cette rue à 15 heures aujourd’hui. Ma bonne excuse est que je lisais un bouquin de Milan Kundera sur le roman. Donc hein.

Je me sens sur la voie de l’écriture. Là je ne devrais même pas dire ça, parler sans le fard du second degré ou des mots bizarres. Tant pis. Il me faudrait encore une semaine de repos et je pourrai commencer. Malheureusement je n’ai pas cette semaine. Le bon côté des choses, c’est qu’il me reste, à partir de lundi, à travailler sans pause jusqu’au 17 juin. Et après : presque libre. Et les poches remplis d’environ 2000 euros. Qui a quelque chose à dire là-dessus ? Personne. Devant moi j’aurai trois mois de travail, dont deux en total liberté. Un en contrôle romain, mais avec de la chance, l’inspiration sera déjà en roue libre et plus rien ne pourra l’arrêter.

Evidemment je n’ai pas fait tout ce que je voulais en une semaine de vacances. Premièrement finir la correction de Champs Elysées/Les Narcisses. Deuxièmement retourner à Strasbourg. Tout ça n’est que repoussé au temps approprié. Les Narcisses se finiront avant que mars ne fane, c’est promis.


F for fake d’Orson Welles



Si j’étais en forme physique, je vous ferai un long article sur le génie de ce film. Eh bien je ne le ferai pas, il est 00h09, nous commençons ce jour du 20 février en nous endormons. En hésitant entre plusieurs disques. En se demandant si nous arriverons à lire un livre afin de fermer les yeux. En utilisant un pluriel flou pour tromper l’ennui.

F for fake est le plus grand film du monde. Avec Exotica. Tout ça en une semaine, c’est déjà très bien. C’était ça le sens de mon rêve sur l’album Release des Pet Shop Boys. C’était m’entraîner dans l’Arcadie, c’était me faire voir les portes qui existent. Bref, j’ai déjà écrit mieux. Et quand je serai à nouveau quelqu’un de frais et génial, je me rattraperai sur toutes les choses que je n’ai pas dites à propos de ces deux films.

En attendant, comme j’ai l’impression d’arnaquer mes lecteurs (qui n’existent pas, que je ne connais pas, mis à part un vieil ami), je trouverai sans doute quelque chose à rajouter à mon réveil. Un titre déjà. Un vieux poème. Une citation. Quelque chose de neuf ? Des mots défilant près de mes yeux fatigués ?
EDIT : Il commence à neiger. Cela fait 18 heures que j’ai écrit ces derniers mots. Incroyable de voir à quelle vitesse file le temps. Je suis toujours aussi fatigué.



Il a commencé à neiger. Une neige magnifique à voir depuis ma baie vitrée. Elle est gonflée, les flocons forment une masse solidaire. J’écoute Palace Music « Lost blues and other songs » et c’est un disque qui se marie très bien avec la neige. Je pense au futur, et à aujourd’hui . Je n’ai pas tellement d’appréhension. Vivre encore des alchimies…