Saturday, February 19, 2005

L’été et les Strokes




Quel bonheur de veiller, de regarder Campus, quelques bons passages parmi les rediffusions (Claude Levy-Strauss, Woddy dans français terrible), rien d’intéressant sur le plateau. Sauf qu’à la fin, incroyable rebondissement Durand annonce les Kills. Le plateau plongé dans un morne sommeil du au direct tardif retient son souffle aux premiers frémissements de la guitare d’Hotel, l’infernal bruit sec gonfle et fait écho contre chaque mur. VV ressemble à une démonesse, Hotel a l’air bien plus intéressant qu’en photo, plus humain en fait. C’est l’alchimie de la ville qui se transforme : ce n’est plus VV la terrienne, ni Hotel l’arrogant. Un couple s’embrasse dans le public quand la chanson finit. The Good Ones, peut-être pas la meilleure du nouvel album. Ensuite, Six Feet Under, après la pub et le journal de la nuit, pas trop mal, mais tellement en dessous des Sopranos…



Peu de choses à dire. Je file à la bibliothèque pour essayer de mettre en ordre mes idées à propos d’un nouveau roman. J’en ressors avec quelques poèmes et trois débuts de roman. A voir. En haut dans la salle d’étude de la bibliothèque, toutes les tables étaient prises, et pas une seule âme rayonnante.

« Freak Scene»
Je revois,
La fille qui danse à 15 heures
Tremblante de la masse de son corps
Elle est muette
Dans son monde en glace
Elle se demande si elle me voit
Je me demande si elle regarde vraiment
Au fond de mes yeux
Ou bien n’est-ce pas une autre ville




Dans un autre ordre d’idée, je range mes disques selon trois catégories de préférences. Géniaux, bons, moyens. Pas de mauvais, même si il en existe certains (ou pas mal) parmi les moyens. Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir jouer sur la promotion, redonné une chance à certains disques. En sachant que la place dans les catégories dépend du nombre de fois où le disque passe sur ma platine.
Je me sens dans une humeur un peu comme ça, de classement. J’ai besoin de mettre de l’ordre dans mes références pour savoir d’où je pars et où je vais. Quitte à faire exploser le système peu après.



« Miles from nowhere »

Brisant les fleurs sur moi,
Ils ne sentent pas leur propre odeur,
Serait-ce de la sueur ou une voix
Qui dit « C’est pas grave »
Le langage des mains,
N’est pas très enrobé.


Friday, February 18, 2005

Through the looking glass




Pourquoi le rêve de la pochette des Pet Shop Boys ne pourrait-il pas avoir eu pour simple but de m’obliger à voir Exotica ?

Ça me semble être la réponse juste. Sinon, l’album est bien, rien à dire. Justement.
Exotica, c’est tout l’inverse. (depuis la noirceur de ma chambre, rien d’autre à dire là-dessus. Louez-le merde !).


Maintenant le corps du texte : Exotica a ouvert une porte sur l’infinie. Sheepskin Tearaway.

J’étais piégé dans les bouchons aujourd’hui. Quarante cinq minutes dans une simple rue, attendant de pouvoir passer dans une autre, perpendiculaire. Et aussi doucement que je me rapproche de la deuxième rue, je vois de mieux en mieux le petit immeuble d’étudiant en face. Et la révélation est là. A une fenêtre, un être assexué s’excite. Je me rapproche, la scène s’éclaircit de plus en plus. C’est une jeune fille. Elle danse. Presque contre la vitre. Pas assez pour ressembler aux putes sur les grandes avenues d’Amsterdam, mais assez pour me rappeler moi sur mon balcon l’été au son des Strokes. Je distingue mal ces cheveux. Sur son front, elle a une pièce de métal argenté qui oscille légèrement avec son corps. Son nombril dépasse parfois de son haut, au fur et à mesure qu’elle bouge. C’est Christina bien sûr. Je n’étais pas seul dans la voiture, sans cela j’aurai fait dix fois le même tour pour la revoir. J’aurai mis ma sélection de Terry Reid dans l’auto radio. Je la regarde, et elle me voit. Elle sait mes yeux posés sur elle. C’est certain. Elle continue, elle continuera même après que le bout de mon visage à travers le pare brise est disparu au loin dans la circulation.

(Description pas très réussie. Il faut me comprendre. Je suis crevé, je n’ai qu’une semaine de vacance, j’ai du mal à en profiter.)
[EDIT : aujourd'hui, elle était encore là à 15 heures. Plus à 17h. Et la musique sur laquelle elle danse c'est de la new wave. Guns of Brixton. Ou Dinosaur Jr. Toujours dans ma tête évidemment.



En réalité je sais bien que cette fille a trop pris d’acide, qu’elle écoute un pauvre disque de house et que souvent elle va au concerts du Peuple de l’Herbe. Et alors ? Il suffit d’oublier. Pas d’erreur : fermer les yeux et regarder. Je peux croire ce que je veux, elle est loin et proche à la fois.

A set of mental things. Sentimental things.

Tout comme je sais bien que cette silhouette au loin n’est pas une asiatique qui porte un bonnet rouge et se balade dans un quartier froid et vide de ma ville un après midi en pleine semaine.


Tout comme je sais que dans cet autre appartement, ce n’est pas une fille à la queue de cheval qui me surprend entrain de regarder depuis la rue le tableau étrange et vert qui est accroché au fond.


C’est dans ma tête. C’est le monde tel que je le vois et tel que je vais/dois le traduire sur papier ou traitement de texte. La vie, c’est ça. Ma vie. Je ne trouverai pas mieux que ces mirages. Parce que ce sont des mirages, qu’absolument tout sur terre est un mirage. Il suffit de se connaître assez pour savoir à quelle distance le mirage va s’évaporer en douleur. Une fois réglé, la vie vaut la peine d’être vécue. Les choses peuvent être belles. Sublimes. Vraiment. Les choses sont sublimes aujourd’hui. Il n’y a pas d’emmerdes. Les emmerdes ne sont que des choses qui ne méritent qu’on s’y intéresse, il faut se pencher sur les détails, aimer leurs contours indécis et surtout surtout ne pas vouloir mettre les détails sous le feu des projecteurs. Les détails sont l’intérêt de tout. D’une performance d’acteur, d’un caractère, d’une peinture, d’un film, d’un enregistrement. Les mains de Gaël Garcia Bernal dans La Mauvaise Education. Le bruit de la Tamise. Pas la peine d’étaler ça dans les tabloïds.

Les gens sont moches. Les silhouettes sont magnifiques. Dans le noir, on ne fait pas de différence.

Thursday, February 17, 2005

« Parce que je viens de te rencontrer et que j’aimerai le dire à quelqu’un »

Cette phrase ne signifie rien, là comme ça.
Elle est extraite du film Exotica, d’Atom Egoyan. Il m’a bouleversé par surprise. Cette phrase est tellement belle qu’on aimerait pouvoir la dire nous aussi, mais nous (je) n’en ai pas les raisons. Bien sûr, il faut le film pour comprendre. Ça n’est pas sorcier.

Le film est tellement bon. Incroyable. Il m’est tombé dessus, pur hasard. Vu dans les rayons de la médiathèque, pourquoi est-ce que je l’ai pris ? Pire, j’aurai du le rendre hier. Etonnement je l’ai gardé plus de deux semaines alors que je pensais n’en être qu’à 1. Comme d’habitude, comme en ce moment, c’est la magie qui a prôné.

J’avais promis de le rendre hier. Et puis je n’y suis pas allé, par flemme. Je ne suis pas allé non plus à La Chute, trop fatigué. J’aurai bien fait l’effort, mais pour Hitler ?

Donc à la place j’ai commencé Exotica. Je viens de le finir ce soir. Souvent, hors cinéma, ce sont les films que l’on voit en plusieurs fois, que l’on hache, qui nous marquent. Peut-être parce qu’il ne faut pas chercher à recréer l’ambiance de la salle, il faut plutôt déguster autrement. A l’extrême limite, c’est le bruit du cuir de Curt Wild/Iggy Pop dans la scène finale de Velvet Goldmine.

Maintenant, pour espérer ne pas perdre ces sensations, je blog directement sur ce film. J’écoute Solo Piano de Gonzales, gravé juste après quelques perles dohertales (oui). Je crois que c’est comme ça qu’il faut consommer la musique téléchargée, par jonction improbables dans un surréalisme technologique. Solo Piano est juste un petit trop joyeux, éventuellement.

Et il me reste ce regard incroyable de Cristine quand Thomas pose sa main sur sa cuisse. Intense moment où l’on frissonne, et où étrangement, on sait les acteurs frissonner, et même, tous le staff présent, à commencer par le réalisateur. Un tel visage à ce moment-là, personne n’avait pu y penser. Il est juste tombé de quelque part. Tomber de l’intérieur.

Et c’est le premier film qui finit au moment où je lui demande de finir. Habituellement je suis quelqu’un qui aime les fins que tout le monde déteste. Au milieu d’une scène, d’un flash back, n’importe où. Une fin qui me prend les tripes, un moment où je sais que tous le reste n’est que superflu. Le moment clé sans doute. Les meilleurs épisodes des Sopranos finissent ainsi. Exotica a finit quand je lui ai demandé. La scène parfaite. La scène clé. Pas besoin de tout ce qui aurait pu venir après, n’écoutez pas les pleurnicheurs.


Que dire de plus ? Avant je dissertais dans un long paragraphe sur un même film. Je ne pouvais plus m’arrêter. Là je ne peux pas. Pas seulement pour ce film, mais pour tous. Cela veut dire que j’interiorise plus. Que je suis simplement fatigué. Que j’ai perdu l’inspiration. ça n’intéresse personne. L’important, c’est la phrase qui vient, tant pis si le post est court.


Exotica est un des meilleurs films au monde. Je voulais juste te le dire.










(Il y a un disque appelé Palace Music. A l’arrière de la pochette, on dirait presque Pete et Carl. Ce n’est pas eux, mais des gens qui semblent jouer de la musique dans une cuisine durant l’été en Angleterre. C’est déjà bien. A cette musique, il ne manque que le bruit de l’eau de la Tamise. Ce serait parfait. Et là, ça manque.)
(Et puis, pour dire : il me suffit de suivre ce que j’ai exactement envie de faire. Et l’eau s’ouvre devant mes pas, les disques me sautent dans les mains, les films s’arrêtent là où je le veux. La magie.)

Release (15 février 2005)

Petite gymnastique du jour, à côté de la paresse, du vide, qui font partie de mon mode de vie depuis toujours et doivent absolument continuer si je veux être productif :

La soirée d’hier se termine joyeusement par Donnie Darko. Evidemment génial, comme d’habitude. Et puis vers 2 heures de matin, je dors.

Drôle de sommeil. Grandiose, messianique, tout simplement parce que Donnie Darko est un totem.

Donnie Darko a pris part aux événements d’octobre 2003. Tout comme le premier album d’Interpol mais celui-ci à un peu perdu de sa magie avec le temps.

Donc, un sommeil qui ne se différencie pas tellement de l’éveil. A un moment, je suis pleinement conscient de mes rêves dans le sens où je peux en tirer des conséquences, pas dans celui où je peux influer dessus.

Je rêve de beaucoup de choses je suppose mais je ne me souviens que d’un passage : je suis à la médiathèque, que l’on appelle la Filature à Mulhouse, et je cherche des disques. En fait, cela recoupait mon planning pour aujourd’hui, je m’étais fixé l’objectif de fouiller de fond en comble les bacs ce matin. Dans mon rêve, j’étais plongé dans le bac des P, et je tombe sur un disque à la couverture entre le brun et le vert, du kaki dirons-nous, et dessus un dessin en noir, presque invisible. C’est là que je reprends conscience et que je me dis qu’il va falloir que je fouille effectivement le bac des P le lendemain, dans la réalité. A ce moment là, je suis probablement éveillé, je ne suis plus dans le rêve, même si j’en ai l’impression. Dernier souvenir : le groupe a un nom dans le genre « Pretty » quelque chose.

Et aujourd’hui, nous y voilà. Il a neigé, certains jardins sont blancs, d’autres absolument pas. Je rentre dans la médiathèque, je fouille les P … et je le reconnais immédiatement.

Cet album vu dans mon rêve, c’est l’album Release, des Pet Shop Boys.

Je l’écoute en ce moment même chez moi. Il est très bon. Johnny Marr joue dessus. Pourtant, il n’est pas transcendant, bien qu’il soit d’excellente facture. Qu’est-ce qui se cache derrière lui ? Je l’écouterai jusqu’à ce que je trouve.

Dans Donnie Darko, il y a cette scène au départ, Head Over Heels la caméra est à la verticale sur la porte arrière d’un bus. La porte s’ouvre, la caméra bascule à l’horizontal.
A la fin, en sens inverse, la caméra bascule de l’horizontal à la verticale.
Ceci résume absolument bien un mal qui vient de me revenir après des mois d’absence : les vertiges. Je lis, je marche, je regarde la télévision, et c’est la réalité qui décolle.

Tuesday, February 15, 2005

10000 heures plus tard (Berlin)

C’est la Saint Valentin.



C’est Adam Green en Black Session sur France Inter.

A cet instant précis je réfléchis à quel disque je pourrai enclencher. Ben Kweller, Adam Green à nouveau, ou bien les Dears. Pour l’instant ce sera les Dears, quoi de mieux en ce jour ?

Pas mal de souvenir qui remonte…
De tous les âges.

Moi, marchant au bord de l’Ill, en écoutant For Lovers. Je m’arrête, je regarde l’eau, les yeux, et pour la première fois depuis longtemps, je danse.
Moi, mangeant au même endroit en écoutant les Dears, juste avant que mon appareil photo ne se bloque et qu’apparaisse ma professeur d’anglais, jeune blonde et écossaise, la même idiote qui m’invite à boire un verre et se rétracte après avoir parlé avec moi. Résonance d’une interview d’Adam Green.

Je crois que la clef c’est le temps. Pour une bonne écriture je veux dire. Il faut avoir le temps, la force et être seul chez soi. Mais vraiment seul. Ce soir par exemple, je pourrai écrire dix fois mieux. Et pourtant je suis fatigué, j’ai envie de regarder Donnie Darko et d’être heureux tout seul. C’est pour ça que jamais je ne dois travaillé en été. Car au bout de trois semaines de vacances, je suis reposé, ennuyé et il ne reste plus qu’une chose à faire : être créatif !

Moi marchant au bord de l’Ill en écoutant Emiliana Torrini. De l’autre côté, ce même endroit que je rejoindrai bientôt par le pont voûté, une voiture stationne sur le chemin. J’approche, elle part. Je la retrouve plus loin, au milieu du chemin. Interdit au voiture, faut-il le préciser. Le passager est noir, la voiture une R5, je ne saisis rien de plus. Encore une fois, je m’approche et il s’en va. Il fait demi-tour. En continuant le long d’un très petit chemin, je peux cette voiture qui refait demi-tour, roule sur ses traces, toujours. Cela a pu duré des heures. Quand j’étais petit, avec l’école, je montais sur la colline et après nous allions visité un musée, je n’ai plus aucune idée de ce que pouvait être son thème.

Les vacances de Noël de cette année, plus que par les livres ou les ambiances, seront marquée par leur dernier jour, un lundi, où je regarde Peter live at Brick Lane, en mangeant du chocolat.

De moins en moins de souvenir en fait, mais c’est une illusion.

Le mois où tout a changé : Octobre 2003. Ma vie fut bouleversé.
Cela reste le plus beau mois et le plus horrible. Chaque moment est les deux.

Peter en prison, libéré le 8, réformation des Libertines. Magnifique couverture du NME.
Sofia Coppola tourne les derniers jours de Lost In Translation à Tokyo, Bill Murray murmure dans l’oreille de Charlotte.
Elephant sort au cinéma, on en parle à la télé, Eli me donne envie de faire de la photo, il fait noir quand je sors de la salle de ciné.
Il pleut pendant une semaine, l’automne est là.
Je rencontre Céline, la quitte, l’aime, la tue, me tue, écris un (petit) roman sur elle.


Céline nue. Une photographie noir et blanche du Parc Salvator. Mes chaussures trempées. Bach qui disparaît. Les seins de Céline. L’album de Jet. Cosmopolis de Don Delillo. La bouche de Céline. Les chewing gums X-cite. La Tour de Londres. La pluie. Les orages.


Tout est concentré là-dedans. Mon avenir y est noté. Je n’ai gardé que les bons souvenirs. D’ailleurs, il n’y a qu’un seul mauvais souvenir, une dizaine de minutes. Elles ne sont pas à effacer loin de là.

Juillet 2004 n’est pas mal non plus. Mais j’en ai moins de souvenir, c’est marrant.
De toute façon, j’ai de moins en moins de souvenirs de tout. Au passé, j’oublie le moment présent.

Peut-on évoqué Blandine, là ? C’est le moment, non ? Je ne lui écrirai plus d’e-mail, j’ai compris qu’elle est heureuse, que si elle m’évitait, elle avait sa raison, son bonheur est le plus fort.
Message personnel à son intention : je ne t’écrirai plus mais tu peux m’écrire. Maintenant ou un jour. Je ne suis pas fâché (de quel droit ?) et ne le serai jamais. Je veux simplement ne plus te déranger (encore et toujours laisser la porte ouverte, c’est bien moi ça).

Je pourrai parler plus longtemps d’elle. Pour l’instant je n’en vois pas l’intérêt, j’ai tout dit dans Champs Elysées/Les Narcisses. Je dois aller de l’avant, droit vers mon prochain roman. Si bien sûr elle reprenait contact d’une manière ou d’une autre, nous deviendrons mon prochain romain évidemment (la porte ouverte, à nouveau), mais sans nouvelles, ressasser le passé ce serait réécrire Champs Elysées.

Bonne Saint Valentin, j’espère que tu étais à la Black Session d’Adam Green, parce que moi c’est ce que j’aurai fait.




Et là, je suis en vacance, donc je vais devoir écrire quelque chose de mieux que ce post. Essayer une nouvelle, éventuellement. Ou bien poster régulièrement, c’est-à-dire tous les jours.

Quoi qu’il en soit, c’est fait. Je me suis inscrit à l’atelier d’écriture qui commence le 8 mars, tutoré par le prix Goncourt 96 (ça vaut ce que ça vaut).

Rien que pour ça je suppose que la Saint Valentin 2005 restera dans les annales. Il existe un amour qui est toujours là, avec qui j’invente sans cesse, avec qui je vis dangereusement, mollement, torridement. C’est l’écriture. Peut-être va-t-il falloir que je prenne des voix détournées, que je raconte autre chose, que je n’hésite pas à me lâcher, à vomir, à jouir. A me ligoter aussi. Pour savoir cela, il faut que je me sonde. Puisque j’écris toujours pour un lectorat. Que ce lectorat c’est moi. Il faut que je sache ce que j’attends, ce que je suis capable de lire, ce dont je serai fier, ce que je pourrai faire de moi. Et ce que je veux que les autres retiennent de moi, aussi.



J’espère que l’atelier d’écriture pourra m’aider, même si le thème est celui du voyage. Je dois profiter des vacances pour prendre mon temps, pour lister des dizaines de choses dans mon carnet sur le futur, les thèmes à aborder, les thèmes imposer. Dans le journal, une jeune étudiante se voit remettre le prix du concours d’écriture de nouvelle policière dans mon université. On déplore peu de participant. La fille s’appelle Laure, étudiante en lettre, aime Rimbaud et Mary Higgins Clark ( ?). Comment voulez-vous que j’écrive une nouvelle policière ? Je ne peux pas voyons, j’aurai l’impression de refaire de la fanfic. Cette Laure est assez moche à ce que je peux en voir, cheveux frisés, mauvais roux, visage ingrat. Et si elle avait été assez jolie ? Je ne suis pas difficile non plus. Quelle malchance. Quel est ce monde qui brise une personne en lui donnant un tel visage ? Quel est ce type qui juge sur ces critères ? Moi. Idiot.

Ça et Adam Green chantant I’ll be your mirror.


Cette fille, elle s’appelle Julie. Dans le bus, en parlant, je lui caresse les cheveux en parlant de ses parents. Je descends du bus, rentre chez moi, un chez moi qui est dans mon ancien quartier, mais j’habite seul maintenant. Comme si je rentrais, et puis je fais un demi tour total je cours après le bus, je veux la revoir et ce que je vois, c’est ce bus qui passe sous le pont, qui descend dans la cuve et remonte loin, trop loin de moi.

Ça et The Dears.

Tuesday, February 08, 2005

1000 heures plus tard (Blackboy Lane)

En fait, je sais écrire (quelques fois). Mais je n’ai rien à écrire. Pas de sujet. Je n’écris que sur des bribes de ma vie, sans but, sans point de vue.







Deux buts pour ma vie :
1. Trouver Nadja.
2. Trouver un sujet.



Deuxième prise :
En fait, je peux écrire (quelque fois). Mais je ne sais pas écrire. Si je savais écrire, la moindre bribe de phrase aurait du sens, un sens qui ferait écho comme la voix de Peter in Albion (Shaken and Withdrawn).


Deux buts pour ma vie :
1.Tribucher jusqu’à trouver Nadja.
2.Rabâcher jusqu’à savoir écrire.


J’aime pouvoir me lever le matin et dessiner ma journée. C’est de l’architecture, c’est créer un monde. Je décide des couleurs et des odeurs. Tel film (Donnie Darko) dans la soirée donnera le bleu. Les Sailor Sessions qui montre le talent de Pete quand il est acculé aux murs donne l’étrange jaune de l’été en Angleterre. Un livre dans l’après midi, peut-être Dali couplé avec le Velvet, et voilà le vent amer des côtes espagnoles. Jamais rien ni personne ne pourra trouver mieux comme mode de vie. Tu sais comment je suis. Tu sais comment je vis. Non ? Eh bien, voilà.

A la rétrospective des court métrages de Chaplin, la salle est pleine. Tellement que je suis obligé d’enjamber des sièges pour essayer de trouver une place. Les courts s’enchaînent, les gens entrent et sortent de la salle dans un flux incessant. Je trouve enfin une place sur un siège qui a servi de porte manteaux. Le siège à ma droite est pareil, occupé par une ou plusieurs vestes. La femme assise sur le siège d’après, que je pensais endormie tellement elle était affalée se tourne vers moi et enlève la veste qui encombrait le siège la séparant de moi. Elle me dit de m’y assoire, j’y serais toujours mieux que noyé dans tous ces manteaux. J’y vais. Elle me sourit et regarde l’écran. Très vite, elle s’affale à nouveau. Mais cette fois, il y a moi, et elle se retrouve étendue sur mon torse. Je ne dis rien, elle ne dit rien, au fond nous comprenons. Ecran noir, et un nouveau court commence. Elle me parle de lui, elle me parle des nombreux courts secret que Chaplin a fait pendant la guerre. Je sens sa poitrine dans mes mains. Et 1000 heures plus tard, plus rien. Elle a disparu. Je suis seul dans mon lit, réveillé. Comme à chaque fois il me faut plusieurs secondes pour me rappeler que ce n’est pas vrai. Sincèrement, j’aurai le droit de pleurer. Je ne le fait pour une raison inconnue. Ou parce que je sais qu’il s’agit là d’une réminiscence de Paul Auster, de la dernière séance de Lost in Translation, de la vie de tous les jours, et c’est déjà pas mal.

Et aujourd’hui j’ai mal au crane (trop de « et » ? ). Le nez irrité. Plus mal à la gorge, c’est déjà ça. Perdu, hagard. J’aimerai retourner à Strasbourg, assis sur la Place Kléber à regarder les filles au terrasses des cafés avec le Velvet en tête. Pour comprendre cela, il faut remonter d’une semaine en arrière. Après un entretien de stage, je suis laissé seul dans un quartier que je connais peu. Avec le disque de Mono fraîchement acquis, je décide de flâner, visiter et méditer. La musique colle au bitume, comme un bain avec une photographie, elle révèle des centaines d’images, des cauchemars, des décors et des vieux rêves. Surtout, ce que j’apprends, c’est à quoi ressembler la réalité et comment la représenter. Un vieux panneau de basket Woody Woodpecker dans une arrière cour, un carreau brisé, les sacs poubelles et des sachets devant chaque maison, un landau perdu au milieu d’enseignes salies. Des milliers de faits que j’ai déjà oublié. Des endroits, des fenêtres et des grilles, je me demande qui peut se trouver derrière, qui peut m’y attendre sagement comme moi je l’attends, qui a affiché son poster Woody Allen et rêve de danser à moitié nue devant lui. Personne, derrière ces fenêtres ils m’arrivent d’apercevoir des personnes âgés seul qui épient dehors comme moi j’épie dedans. (à l’inverse, en début de soirée aujourd’hui je regarde par la fenêtre d’un appartement au second, j’y voix un tableau étrange et un homme chauve qui au fur et à mesure qu’il se rapproche de la fenêtre se transforme en magnifique jeune fille à la queue de cheval scrutant la rue l’œil énervé par ma curiosité). Je passe à côté d’une maison et ressent cette même douleur que plusieurs jours après en croisant Bob. Je fais deux fois le tour du quartier, monte et redescend, observer, gêné et traverse le grand boulevard. De l’autre côté, je m’égare dans le cimetière. Je ne cherche rien de spécial, rien d’autre que des traces de vie. En enlevant mes écouteurs, une mobylette qui passe, et décidément, il vaut mieux les remettre. Tout au bout je me glisse dans la petite rue étroite qui longe le cimetière et redescend. A un moment, à travers les buissons, je vois la cour du cloître et un moine aux cheveux gris qui ouvre une lourde porte de bois. Je traîne encore et encore. J’attrape le premier arrêt de bus venu. Quelqu’un y est déjà assis. Une fille. Je suis sous l’abri et je la reconnais. Je l’ai déjà vu à une séance d’Eternal Sunshine et à une de Lost in Translation. C’est la colocataire d’une vague connaissance. Je n’ai plus d’autre force que pour sourire. Je ne peux parler. Je l’observe, elle sait que je l’observe. Elle joue avec ses mains. Elle est assise sur le banc comme elle serait couchée nue sur un lit, les jambes allongées-pliées comme celles de Penny lors de son overdose, quand William la regarde faire un lavement. Le visage de la poupée qui change quand l’éclairage change dans Eternal Sunshine. Je m’en rappelle, je pense à cela. D’abord c’était la peur qui nous distanciait, et puis une grosse femme arrive et se place pile entre nous deux. Je n’en vois plus que des bribes, ses ongles blancs, ses cheveux mal coupés. Parfois elle fait des grimaces. Qu’elles étaient les probabilités que je la retrouve là, en attendant ce bus. Elles étaient nulles. Le hasard ou la coïncidence. Pas la même chose, pas du tout. Avant, sur l’esplanade, je marchais et en face de moi approchait une silhouette féminine portant un bonnet rouge. A cet instant, je comprenais tout, j’entrevoyais l’avenir, cette attente dans l’abri bus. La silhouette se révélait bien sûr être une grand mère. Puis le bus arriva et c’était plusieurs mètres qui séparaient nos deux places face à face, et bientôt des dizaines de personnes s’interposait entre nos visions partagées, si bien que je ne la vis même pas descendre avant de me rendre compte que c’était elle qui hésitait à entrer dans la boulangerie, là sur le trottoir. Et maintenant je suis seul et j’ai peur, peur de ne pas pouvoir écrire, peur d’être perdu à jamais, de ne pas être un écrivain et de n’être rien d’autre que ma façade. Une maison vide, dont les murs de papiers ne tiennent pas au vent.


Je veux que tous les fils soient apparent. Je veux que l’on voient les effets, que l’on entende la voix s’éraillée et toussée. Je le veux jusqu’à ce que je sois meilleur. Parce que pour l’instant, je ne suis pas assez bon pour cacher tous ces à-côtés. Un bout qui dépasse, et c’est la magie qui disparaît. Si l’on voit tout, la magie s’envole –prend son envol- (dit-il très sérieusement, sans montrer ses doutes).

En relisant certaines de mes précédents posts, je me rends compte de la nécessité absolue que j’avais de faire une pause. Là encore, en cet instant même, je crains que mes mots ne vaillent pas grand chose, tristement. Est-ce fini ? Plus rien… Trop d’eau aurait coulé sous les ponts ? Trop de d’illusions et désillusions ? Je n’en sais rien. Seul le temps et l’estomac le diront.

Dans Crash, Ballard exprime exactement ce que je pense à propos du sujet. Le roman parle de la déchéance de notre société, de sa course effrénée à la sensation qui va jusqu’à dépasser le corps (enfin, chacun peut y voir ce qu’il veut, le dire comme il veut, ça tourne néanmoins autour des mêmes choses). Mais il n’écrit pas un roman où la thèse serait dévoilée, écrite noir sur blanc, énoncée par un deux ex machina bavard. Il décrit une histoire, des faits, un personnage. Et à travers eux, à travers l’histoire qu’il raconte, il fait passer les bases et les finalités de sa vision. Et il est compris au moins en partie. There’s a tale, tale I would tell.

J’ai vu Bob dans le bus l’autre jour. Le vrai, longs cheveux gris et habillé complet de jean. Il passe à ma hauteur et quelque chose se tord en moi. Je n’ose pas le suivre au dehors.

100 heures plus tard (Frozen in time)

« Tu sais comment je suis. Tu sais comment je vis »





Non, je ne suis pas sûr que tu le saches. Aucune certitude sur le fait qu’une seule personne sur terre ne le sache. Et ne le comprenne, évidemment. Mais la compréhension vient du savoir, le savoir de la compréhension.


Lou Reed @Greenwich Village, 1983.

IL vient sur scène en cuir. IL commence à jouer Sweet Jane. Son groupe est totalement désuet, un chauve aux lunettes de soleil ( le fameux Robert Quine) joue de la guitare. N’importe où, n’importe qui d’autre, et l’on aurait rit de ses hommes. Cet endroit lui-même, un grand bar où les spectateurs sont assis, comme un mauvais cabaret, comme un unplunged de la dernière fille à la mode. Et puis, non, la musique ne correspond pas à l’image. Sweet Jane sonne comme une chanson des Undertones. Lou a peu de présence. Lou ne dit rien. Lou sourit. Lou, c’est Lou Reed, et quelque chose s’échappe. Quelque chose qui vient à manquer, et en dehors du catalogue du Velvet, on s’ennuierait presque. Désolé. Désolé.


Last Tango in Paris de Bernardo Bertolucci

Aujourd’hui, après David Lynch, ce même film serait serti de centaines de bruits bizarres et oppressants. Heureusement, le film n’est pas d’aujourd’hui.

Stop.

Pourquoi dire, pourquoi prétendre ? Ce n’est pas ça que je veux dire. Ce que je veux dire, c’est que depuis 6 mois ou presque, je n’avais plus pensé à l’amour. Je vivais ma vie, jour après jour, essayer de rester vivant, être stupide, stupide parce que c’est le seul moyen de ne pas voir la laideur de tout. Gemstones cracking cause we’re justing too strong. Et depuis une semaine, ça m’a repris. A une soirée de ma promo, enivré de vin. Stupide comme d’habitude, voyant, invisible, juste un peu plus entreprenant. Je ne sais comment j’ai commencé. J’entoure sa taille de mon bras. Il s’en plaint un minimum. Je continue, elle tolère. Elle tolère, je continue. Jusqu’à tard, jusqu’à deux heures du matin. Jusqu’à ce qu’elle me propose d’aller faire l’amour dans la cuisine et que la cuisine ne soit pas disponible. Je me rappelle du revers de ma main caressant sa petite joue tandis qu’elle me regarde avec ses grands yeux. Je lui dis qu’elle a un copain, que ce serait une erreur. Elle prétend le contraire.
Ce n’est pas tellement elle. Ce qui me fait frissonner, c’est l’éphémère, c’est la durée de la soirée, ce sont les quelques secondes de communion . Quoi qu’on en dise, ça ne pourrait pas durer plus. J’aimerais que cela se reproduise tous les soirs, avec n’importe qui. Être Peter. Sentir que d’une certaine façon, notre enveloppe charnelle a une existence, que même, elle vous possède, elle se libère des carcans de l’esprit et possède un pouvoir, en vrai. Et qu’est-ce que ça fait de voir la personne qui vous a donné du courage être vilipendé dans la presse. Ça ne change rien je suppose, reste la musique.

Je ne suis pas du jour papillon. C’est simplement que tant que je ne l’aurait pas trouvée, je ne pourrai rien trouver de plus adéquat que les petits flirts innocents. Elle ( l’) étant bien sûr pour la seule, l’unique.



Tahiti Rain Song. Je n’avais pas encore compris. Pas avant hier. Maintenant, je sais pourquoi elle est parti, je sais pourquoi elle est heureuse et enfin je la comprends. Tahiti Rain Song, c’est la première chose de moi qu’elle a lu. Tahiti Rain Song, c’est la chanson qui a coïncidé avec son apparition immaculée et immatérielle. Elle la connaissait, elle l’écoutait. De mon côté, je m’en inspirais pour toute la partie indienne des « Narcisses ». Je pensais même l’inclure à la BO. Et puis c’est seulement hier que j’ai réalisé que la pluie de Tahiti, elle avait eu des chances de la voir depuis ces deux derniers mois. Elle a pu écrire de nombreuses chansons à son sujet, à défaut de m’écrire des lettres. C’est encore mieux.
Et c’est vrai, cela, je n’aurai pu lui offrir. Je ne lui offrais que la chanson, que des bruits enregistrés dans une baignoire par deux sœurs n’ayan certainement jamais sentie la pluie de Tahiti sur leur peaux blanches et peintes. J’offre l’inexistant à qui le demande. Je n’offre rien de réel. Je ne pouvais pas lui offrir Tahiti, pas si vite. Je pouvais lui offrir un fantasme, un rêve, une volonté de s’échapper. Mais ces choses sont personnelles, on ne peux les donner, elles sont intransmissibles. Elles sont sans intérêts, sans existence, je n’existe moi même que sur le plan de l’esprit, et c’est normal, connaissez mon histoire. J’écris, j’écris, et j’écris des fois. Je ne sais rien faire, je ne sais rien créer. Je ne sais que transformer. Je ne sais qu’embellir, enlaidir. Je ne sais que me taire et laisser le choses se perdrent dans mon cerveau. Quand je parle, elles ont toutes disparues.

Je ne suis pas un disque qui tourne. Je ne suis pas une voix qui chante. Je ne suis pas une personne qui joue. Je ne suis pas la chanson de la pluie de Tahiti. Je suis simplement celui qui écoute.

Tuesday, February 01, 2005

10 heures plus tard



"so you want to be a writer?

if it doesn't come bursting out of you
in spite of everything,
don't do it.
unless it comes unasked out of your
heart and your mind and your mouth
and your gut,
don't do it.
if you have to sit for hours
staring at your computer screen
or hunched over your
typewriter
searching for words,
don't do it.
if you're doing it for money or
fame,
don't do it.
if you're doing it because you want
women in your bed,
don't do it.
if you have to sit there and
rewrite it again and again,
don't do it.
if it's hard work just thinking about doing it,
don't do it.
if you're trying to write like somebody
else,
forget about it.
if you have to wait for it to roar out of
you,
then wait patiently.
if it never does roar out of you,
do something else.
if you first have to read it to your wife
or your girlfriend or your boyfriend
or your parents or to anybody at all,
you're not ready.
don't be like so many writers,
don't be like so many thousands of
people who call themselves writers,
don't be dull and boring and
pretentious, don't be consumed with self-
love.
the libraries of the world have
yawned themselves to
sleep
over your kind.
don't add to that.
don't do it.
unless it comes out of
your soul like a rocket,
unless being still would
drive you to madness or
suicide or murder,
don't do it.
unless the sun inside you is
burning your gut,
don't do it.
when it is truly time,
and if you have been chosen,
it will do it by
itself and it will keep on doing it
until you die or it dies in
you.
there is no other way.
and there never was.

Charles Bukowski "


PS : trop bon pour ne pas le piquer

« Lady don’t fall backwards »



Alors, qu’y a-t-il à dire ? Quelques fois, reprendre contact avec le monde de l’écrire. Il est prescrit d’y aller très doucement, comprendre que les mots s’agencent dans la tête, pas sur le papier. Ne pas penser, c’est écrire. Penser, c’est perdre des idées dans le vide.

Le moment où il se met à pleuvoir dans Eternal Sunshine.
L’entrejambe de Clémentine.
L’éclairage changeant sur sa poupée.
Le sang dans la chambre 2046.
L’idée persistante que c’est un suicide.
Bob hallucinant son propre visage dans Tokyo avant même la séance photo.
Charlotte encore et encore plus jeune.
William se faisait dépuceler en l’absence du Dieu Pan.
La farandole des muses autour de lui.

Plus facile d’écrire des tirets que des tirades. C’est trop tôt. Je me souviens qu’il y a quelques jours, je me rendais à peine compte que B. m’avait laissé seul. Quel disque pouvait-je bien écouter alors ? L’absence de B. souvent me revient. Mais la plupart du temps, je l’attends. Je crois encore, comme je le croyais avant, qu’elle était emprisonnée dans un soulier de verre. Qu’elle dormait et qu’un jour je serai assez proche d’elle pour l’éveiller d’un baiser. Au mieux, je m’imagine qu’elle a engagé une entreprise pour m’effacer de sa mémoire et que quand nos chemins se croiseront à nouveau, elle se rappellera de tout.

Pourquoi écrire avec parcimonie ? Parce que comme avec la guitare, le corps inconscient fait un travail que ses pairs aurait à peine le temps de formuler. Il fait le laisser jouer avec notre corps, lui fournir l’écrin nécessaire pour qu’il puisse être libre après tout. Et un jour enfin le mémoire se soulèvera, laissant passer la lumière sur un papier prêts à s’imprimer. ça vient, ça vient. Déjà les idées, bonnes et mauvaises, arrivent et s’entassent peu à peu. Les habitués savent bien qu’il me faut un échec amoureux pour que ces idées dans leur entier s’assemblent et forment une photographie. D’une qualité médiocre soit. Est-ce l’échec amoureux qui me donne la force d’écrire ou bien l’envie d’écrire qui me fait échouer en amour ?Je ne parle pas de B., là ce n’est pas un échec puisque rien n’a jamais ‘existé’. B. est un film, à voir et à revoir, qui m’échappera toujours une fois le générique achevé. En fait, je parle plutôt d’échec réel, avec des personnes pleines de défaut. Le jour même de la rupture, quelques heures après le soulagement, je jure de voir les idées s’emboîter d’elles-mêmes dans mon cerveau. S’est arrivé avec C. pour Céline, avec N. pour Champs Elysées. Le seul mystère reste Le Poumon mais je suppose que C. m’a donné assez d’horrorshow pour deux bouquins d’affilés. D’ailleurs il faut bien garder en tête que ces filles n’apparaissent pas dans ces bouquins, que jamais ça n’est leur histoire ou qu’elles font autre chose qu’un caméo. Nos histoires ne valent pas la peine d’être intégré à un bouquin, il n’y a rien de beau en elle. Donc aujourd’hui, je recommence. J’essai de séduire quelqu’un auquel je suis plus ou moins indifférent. Je ne sais pas pourquoi, j’en ressens juste le besoin. Attirance animale, attirance sentimentale, attirance sexuelle. Plus j’y réfléchis et moins j’y crois. Non, ce que je crois, c’est que je fais ces choses exprès dans l’optique de la rupture, jeter ou me faire jeter, comme ça je trouverai la force d’écrire, le pouvoir d’écrire. Il faut que je le fasse vite, pour pouvoir coucher mes idées. Ce ne sera pas encore le bon bouquin je pense. Mais ça s’en rapprochera, comme à chaque fois. Le bon, c’est pour bientôt. Celui qui fera son chemin jusqu’aux librairies. En fait, il est probable qu’il ne lui manque qu’une bonne histoire.

She said i’ll show a picture,
Picture of tomorrow,
It’s not changing
It’s all sorrow (approximativement)


Au fait, Champs Elysées change de titre pour devenir Les narcisses. Et ce changement s’accompagnent d’une rectification de toutes les fautes d’orthographe, de cohérence et de style. Reste celles qui m’ont échappé et celles qui sont jolies. Les mêmes, en sorte.


Melinda and Melinda de Woody Allen


Ce n’est vraiment pas son meilleur loin de là. Assez en dehors des standards même. Premièrement, il faut le dire, il est moche. C’est tout simple, décor, image, couleur. Il n’y a pas d’alchimie comme il pouvait y en avoir dans Anything Else pour citer le plus récent. Il n’y a pas de lieux, que des endroits.

Pour le reste, le système des deux histoires au sein du même film fait qu’aucune des deux visions n’est assez développée. La majorité des personnages restent figées, impalpables du fait de leur manque de temps d’écran en fait.

Toutefois, il faut applaudire la démarche, son originalité et le fait qu’elle permet de disserter sur le film assez longtemps. Et que demande-t-on à un film de Woody Allen sinon que de nous permettre de pénétrer son univers, de discuter de lui, à l’intérieur de lui, écouter du jazz new orleans dans un bar techno. C’est ça aujourd’hui le secret de Woody Allen, dans chacun de ses nouveaux films, bons ou mauvais, où l’écran n’est qu’un miroir liquide qui nous force à récréer trente ans d’histoires d’un univers, il faut bien le dire, relativement parfait. Notre monde intérieur en somme, projeté sur les murs par toutes les lumières de la ville.